La quête de l'Alliance Solaire

La question de Nihahsah me prend un peu de court et je ne semble pas la comprendre pendant un instant. Puis c'est en plongeant mon regard dans le sien que je finis par répondre

Ca fait trop longtemps que je suis dans ma peau d'homme. Je reste sous forme homidé car nous sommes chez les hommes et afin de traiter avec vous. Mais accepte que je préfèrerais être sous ma peau naturelle et la tension que cela peut amener en moi. Je ne crois pas avoir gêné la discussion, et si c'est le cas, pardonnez moi.

J'avance de nouveau vers le groupe et après un long soupir me réinstalle autour du feu, m'asseyant pour paraitre moins stressé et dérangé.

C'est mieux? Bon, continuons. Quel sera notre prochaine manoeuvre? Je serais pour avoir une explication avec ce de Harcourt.

Je suis des yeux les échanges, qui se soldent par le retour de Dajan autour du feu, contenant son malaise de devoir supporter une conversation aussi durable dans sa peau d'homme. Si ce n'était la situation, cela m'arracherait presque un sourire, car je crois revoir nombre de mes frères nés loups dans son attitude et ses difficultés d'adaptation finalement identiques.

D'une voix posée, j'interviens de nouveau la conversation en réponse à la question formulée par le Lion.
- Il y a ce numéro qui figurait sur le téléphone de ton frère, nous pourrions commencer par essayer de trouver s'il correspond à une personne ou une adresse en particulier, car c'est peut-être une piste laissée à notre intention. dis-je en regardant la jeune femme.

Ensuite, la responsabilité de Total dans cette affaire est engagée, au moins pour une partie de ses membres : ce De Harcourt dont je n'avais pas entendu parler jusqu'à présent, et Portzac qui m'amène ici. Personnellement je pense qu'il serait bon d'avoir un peu plus d'informations sur ce fameux projet Akpo qui semble au coeur de tout cela, et sur ce qui peut bien lier un projet pétrolier au large des côtes avec des mines sur le continent.

En somme, une opération de renseignement me semble un préalable essentiel avant d'envisager autre chose.

Enfin, je me tourne vers Dajan, interrogatif.
- Sinon je suis d'accord que l'araignée et le requin ont un rôle à jouer dans l'Alliance que nous composons maintenant. Mais nous pouvons certainement prendre les devants : tu sais peut-être où trouver la première nommée, cette Noomi, alors pourquoi ne pas commencer par aller la chercher ?

L’onde des eaux du Delta vient doucement clapoter au pieds des poteaux de bois qui soutiennent la terrasse tandis, qu'à l'exception de votre conversation, les bruits d’activité humaines se sont taris pour céder la place au murmure perpétuel des insectes de la jungle Nigérianne. Le silence retombe donc sur les questions que les uns et les autres ont posé, restant ouvertes dans l’attente de votre décision.

Ce n’est qu’alors que vous l’entendez. D’abord aussi évanescent que le zonzonnement d’une mouche, il se mue lentement en un vombrissement plus puissant. Puis vous les apercevez, des rais de lumière qui sillonnent les eaux de la lagune: plusieurs embarcations nautiques. Pas des pêcheurs, non, des bateaux modernes dont les spots semblent avides de trouver quelque chose.

Ou quelqu’un.

Eloignés de vous pour le moment, l’une des embarcations prend néanmoins la direction du pâté de maisons où vous vous trouvez.

J'écoute Dajan et acquiesce :
"- je le comprend parfaitement et je l'accepte sans aucun problème."J Je me retourne alors vers notre compagnon d’infortune à la peau blanche, concentrée.
"Ils le sont oui, assurément. Et je pense que cette recherche Umbrale à une importance capitale aussi, à ne pas négliger." J’essaie de rester concentrée mais que ce soit mes récentes mésaventures, les nerfs qui lâchent ou autre chose, j’ai visiblement du mal à garder mon focus et donne l’impression, un peu réelle, d’avoir en cette soirée le poids du monde sur mes épaules.

C’est assez rapidement du coup que je remarque cet élément perturbateur, la paranoïa des événements des derniers jours me fouettant le sang. Un changement immédiat prend place, laissant la jeune femme dépassée par tout ce qui lui arrive redevenir cette Mokolé volontaire et investie dans sa charge. Je m’exprime sans crier, d'une voix lourde chargée d'autorité, d’un ton direct qui ne tolère aucune digression et ne laissant aucune place au hasard.

"Attention, évacuez les civils, rapidement et maintenant ! Dajan et Gipsy soyez prêt à combattre."

Voyant que l'ensemble des personnes vivant ici semblent dormir je m'en vais d'un pas très rapide vers la cabane de papa Opeyemi afin de donner le signal de départ.

Devant cette alerte qui surgit tout à coup dans la nuit paisible, je me redresse rapidement pour me tenir sur mes deux jambes, le corps de nouveau tendu et prêt à agir, le regard scrutant les ténèbres dans la direction des moteurs et des spots lumineux.

J'ai beau ne pas venir de cette région du monde, je sais parfaitement reconnaître le visage du danger, et y faire face lorsque c'est nécessaire. La Mokolé à côté a déjà parlé, et bien parlé, nous devons maintenant faire front commun.

Je me déplace de quelques pas vers l'angle du mur afin d'avoir une couverture pour éviter de me faire immédiatement repérer. Ma silhouette se modifie quelque peu, devenant plus grande et plus massive, sans pour autant aller jusqu'à ma forme de guerre que je me dois d'éviter tant que des spectateurs potentiels se trouvent encore sur place. [Je passe en Glabro]

Puis comme un loup j'emplis mes narines de l'odeur ambiante, en me concentrant dans la direction des bateaux qui s'approchent. [Sentir le Ver : Perception + Occultisme (7 dés) diff variable]

Tout de suite alerté par le bruit, je ne suis guère surpris de découvrir ces rondins à moteur qu'ils appellent bateau. Voyant qu'un se détache pour venir dans notre direction, fouillant l'obscurité de son oeil lumineux, je me déplace immédiatement pour me cacher parmi les ombres et être le premier à frapper au besoin.
J'entends bien les paroles de la monoloké, mais ils ne m'atteignent pas vraiment. Que croyait elle? Je suis un Simba né sous l'oeil de la lune, bien sûr que je vais me battre si cela est nécessaire. Non pas pour défendre cette humanité crasse et imbécile qui s'entasse en ce lieu qui pue la mort et la maladie, mais pour protéger les miens, le vieux et aussi faire payer l'assaillant.

Et puis, je me dois bien avouer que retrouver une forme plus en adéquation avec ce que je suis me fera le plus grand bien. Je tombe alors à quatre pattes alors que je sens mes os se briser et se replacer. Le vent frais lèche ma peau qui rapidement se couvre d'une fourrure soyeuse. Ma gueule s'allonge et sous ma langue épaisse je peux sentir mes crocs grandir au point de sortir de ma gueule. Ils deviennent deux grands poignards qui me serviront à déchiqueter les chairs. J'entends le cliquetis de mes griffes sur la pierre et cela me ravi.

Je m'aplatis au sol, prêt à bondir sur ceux qui viennent déranger notre quiétude, caché dans l'ombre et les hautes herbes pour l'instant.

[Dépense d'un point pour changer de forme immédiatement. Dépense d'un point de Rage pour Griffe de diamants]

Tour à tour, vous prenez des directions différentes, sentant avec acuité l’imminence d’un danger qui se rapproche.

Gipsy – Dajan :

Alors que l’Arpenteur silencieux modifie sa stature [Changement de forme : Succès], le Bastet reprend sa forme originelle. Ses griffes fermement arrimées sur une roche saillant de la terre, celles-ci prennent un éclat minéral. Dissimulés chacun à votre façon par un abri précaire, vous entendez nettement à présent le bruit du moteur de l’esquif venant dans votre direction, et les faisceaux lumineux, bien qu’à une vingtaine de mètres de la rive, balaient celle-ci avec avidité en quête de toute forme de vie.

Gipsy, tu focalises tes sens en direction de l’embarcation et détecte immédiatement l’odeur méphitique du Ver. Mais il y a plus que cela, une présence malveillante, indicible, qui te fait frissonner malgré la chaleur locale. [Sentir le Ver: Succès]

Nihahsah:

Tu te précipites dans la case de Papa Opeyemi et t’introduit dans celle-ci. La grande pièce qui en occcuppe les murs est prise dans les ténèbres, mais ton regard affûté repère rapidement la forme de ta maman, allongée au sol dans un coin de la salle. Plus loin, sur un lit où est endormi sa femme, le vieux Opeyemi a redressé sa frêle silhouette et tu peux voir ses yeux briller dans l’obscurité, des yeux jaunes, ceux de quelque reptile fabuleux. Il te fixe, et sa voix calme retentit alors :

- Ils sont là, n’est-ce pas ?

Sans attendre ta réponse, il ajoute, à présent debout :

- Il faut évacuer les habitants. Ils viennent pour vous et vont faire un carnage. Réveilles ta mère.

Il en fait de même de sa compagne, puis intime aux deux femmes de mettre à l’abri les familles du village. Elle s’exécutent sans tarder, ombres fugaces, bien que ta mère prenne le temps de t’embrasser le front. Le vieux Opeyemi s’adresse alors à nouveau à toi, d'un ton impérieux contrastant avec sa silhouette vacillante:

- Retournes avec tes compagnons défendre la rive, j’ai à faire.

Sans rien ajouter à cette conclusion mystérieuse, il sort par la porte arrière de sa case.

Sans un mot je laisse chacun faire ce qu'il a à faire et retourne à ma propre tâche. Les mâchoires serrées à m'en donner des maux de tête, les poings serrés à m'en faire blanchir les phalanges j'hume l'air marin et goûte cette instant unique, presque à part du temps. Ce moment calme, vide et silencieux qui précède le chaos et la violence. Je me rapproche de mes compagnons évitant les lumières des bateaux et leur glisse sur un ton du quel transpire une fureur glaciale et qui est encore sous contrôle. Je vais dans l'eau.

Le Bon Bhat des Simba est venu me chercher dans la ville. ils ont réduit ma famille en charpie, volé mon père, tué mon frère, et maintenant ils nous attaquent sur notre territoire ? Il est vraiment temps de leur montrer que nous ne sommes pas des proies mais des adversaires. Je plonge dans l'eau de la lagune et le peu de bruit qui en ressort montre bien que je suis relativement habituée à ce genre d'exercice.

Je me laisse entraîner par mon élan, m'enfonçant dans l'eau aussi noire que l'est la nuit, fermant les yeux et appréciant la caresse salée de l'océan, un sourire vorace sur mon visage alors que je me transforme dans ma forme archide. Et c'est prête à me battre pour mon peuple, pour mes alliés, pour Gaïa que je nage dans la direction des bateaux, bien décidée à leur montrer qu'ils sont ici chez MOI.

Je ne sais pas si tu considère que ça peut s'appliquer à la nage : Speed of though

Mes sens ne me trompent pas, et un rictus mauvais vient déformer mes traits.

Merde ! je jure à voix basse. Mon regard cherche mes deux compagnons, et je les aperçois, chacun se préparant à ce qui va suivre. Le Ver ! Attention, je sens quelque chose d'inhabituel... Mon ton n'est pas du tout teinté de peur, mais en revanche il est clairement soucieux.

Le moment des paroles est terminé, arrive celui du combat, et il sera sanglant. Je prends ma forme Crinos, et toujours dissimulé je cherche à trouver une position avantageuse pour pouvoir fondre sur ce qui arrivera très bientôt par la rive.

Dajan et Gipsy :

La tension ou l’excitation vient nouer vos muscles tandis que le bruit du moteur se réverbère plus intensément sur l’eau. La mère de Nihahsah et la femme de Papa Opeyemi avec qui vous discutiez il y a encore une heure se précipitent en silence pour évacuer les habitants des cabanes de bois qui constituent le village. Hommes, femmes et enfants se pressent rapidement vers le mur de verdure tout proche que forme l’orée de la jungle et qui jouxte leurs habitations. En moins de quelques minutes, et dans un silence efficace, l’évacuation s’est déroulée pour vous laisser seul à affronter le danger.

Tour à tour, vous adoptez les formes que vous souhaitiez en appelant la bête qui séjourne en chacun de vous.

Après un dernier avertissement à votre intention, Nihahsah se plonge dans les eaux du delta et disparaît de votre vue.

Avec une intensité désormais éblouissante, le faisceau lumineux scrutateur aborde à présent la rive où vous vous dissimulez. Au loin, des cris et pleurs d’habitants vous informe que les autres embarcations ont débarqué leurs troupes dans les villages avoisinants. Ce qui ne devrait plus tarder pour le quartier dont vous prenez la défense.

C’est d’abord la pointe de la barge de débarquement qui apparaît, là où trône le spot éclairant la rive. Rapidement, vous constatez que l’embarcation est de type militaire, ce qui est pour le moins surprenant. L’étonnement le cède toutefois à l’attention, car vous dénombrez pas moins d’une vingtaine d’hommes en armes prêt à débarquer. Même à cette distance, vous pouvez repérer l’éclat des fusils mitrailleurs. Et la barge fait maintenant mouvement pour s’arrimer à la rive de votre village.

Mais pour toi, Gipsy, tes sens en alerte ne te trompent pas : le cœur du mal et de la corruption ne se trouve pas à la surface, mais bien immergé. Précisément là où vient de s’engager la jeune africaine…

Nihahsah :

Les eaux froides te font frissonner lorsque tu t’immerges dans le delta, sans doute la raison pour laquelle tu fais plus de bruit que tu ne l’aurais souhaité. Par chance, les occupants de la barge ne semblent rien remarquer. Une fois dans l’eau, tu prends ta forme Archid et l’eau devient ta source d’oxygène tandis que ton corps reptilien, débarrassé de la pesanteur, se meut avec aisance dans l’élément liquide. Ivre d’une colère froide, tu fonces vers l’embarcation, guidée par la lumière que cette dernière émet, même dans la noirceur des eaux., tu stoppes pourtant ton déplacement à une dizaine de mètres de ta cible, persuadée que « quelque chose » te tourne autour.

Jets de dés :

Changement de forme
Gipsy :  [Vigueur+ Pulsion Primale= 4 Succès]
Nihahsah : [Vigueur+ Pulsion Primale= 2 Succès]

Embuscade
Gipsy : [Dextérité + Furtivité = 5 Succès]
Dajan : [Dextérité + Furtivité= 4 Succès]
Nihahsah : [Dextérité + Furtivité= 0 Succès]
Hommes de main [Perception + Vigilance= Botch]

Perception
Nihahsah [Perception + Vigilance=4 Succès]

Initiative
Gipsy [1D10 + (Dextérité + Astuce)= 12]
Dajan [1D10 + (Dextérité + Astuce)= 14]
Nihahsah [1D10 + (Dextérité + Astuce)= 5]
Hommes de main [1D10 + (Dextérité + Astuce)= 6]

Cette colère que j'ai embrassé s'écoule le long de ma colonne lorsque je me rend compte que les suppôts du Ver sont venu accompagnés, et je me souviens alors des mots du Rokéa.
Je pousse un furieux cri de prédateur, affirmant mon statut, et fonce en direction des humains, la mer est d'encre et je ne veux pas jouer au chat et à la souris. Je me dirige à vive alllure, sur le qui-vive, en direction des embarcations espérant ainsi forcer la créature à se révéler.

Je retiens un grognement lorsque je ressens les émanations fétides de notre Ennemi très exactement là où la belle africaine vient de plonger. Qui sera le chasseur, qui sera le chassé, finalement, je ne saurais le dire mais il n'y a plus rien que je puisse faire, à part avoir confiance en Nihahsah et me tenir prêt au cas où elle aurait besoin d'assistance.

Je reste à l'abri de la lueur des projecteurs, et tâche de trouver une position qui me permette de prendre par surprise les hommes qui débarquent, mais également de rester non loin de la menace que je viens de détecter pour pouvoir porter assistance à ma nouvelle amie le cas échéant.

J'imagine qu'ils vont se disperser, si j'ai l'opportunité d'attaquer un petit groupe par surprise je n'hésite pas une seconde.

Tapis dans mes hautes herbes, je les regardes quitter leur tronc flottant. Je suis tenté de sauter tout de suite dessus, de déchirer leurs chairs pour leur apprendre qu'ici ils ne sont que gibier, mais je me retiens. Tant que l'oeil de lumière percera la nuit, ils pourront être efficaces avec leur bâton feu. Si l'oeil se ferme, ils seront presque aveugles et ils se souviendront pourquoi l'homme a peur du noir.

Je les laisse donc passer, n'hésitant pas à m'aplatir si c'est nécessaire. Je suis en position, prêt à bondir et lorsque quelques pas me sépare de l'arrière garde, je bondis d'un coup à l'avant de leur tronc avec pour unique but la mort de celui qui tient l'oeil de lumière, et l'oeil lui même. Je viens souffler la vie de ces deux là.

Dajan et Gipsy :

Le temps paraît se dilater avant que la barge militaire n’accroche enfin le sol et que ,dans un fracas de métal, sa passerelle ne s’ouvre pour débarquer ses troupes à quelques mètres de votre position. Le navire vomit une vingtaine d’hommes en armes, qui se dispersent par groupes de cinq en direction des maisons de bois qui jonchent la berge. Le projecteur balaie la scène de sa lumière intense et aveuglante, mais par la grâce de vos dispositions préalables, il ne révèle pas vos positions respectives.

Moins de trente secondes après ce débarquement massif, Gipsy est le premier à avoir l’occasion d’illustrer ses compétences de combat. L’un des groupes passe à sa portée, et le Loup-garou profite de sa forme musculeuse pour abattre ses deux bras d’un même mouvement sur la nuque de l’un des assaillants. La puissance du coup assomme l’humain qui s’effondre au sol. Surpris, ses quatre compagnons se ressaisissent vite et se redistribuent en position de combat autour de l’Arpenteur silencieux, avant d’ouvrir le feu.

Dajan n’a pas le temps de suivre la suite du combat de son allié garou, passant à son tour à l’action. Replié sur lui-même, il attend le bon moment pour bondir hors de sa cache tandis que le dernier groupe de singes passe devant lui. En quelques longues foulées, il atteint la passerelle du navire avec la ferme intention d’éteindre l’œil de feu. Trois gardes sont restés à bord, et un coup d’œil rapide en direction de la cabine permet de repérer trois autres singes faisant office de conducteurs du tronc de métal. Là se terminent les observations visuelles, un simple coup de patte aux griffes acérées permet de déchirer le corps de l’un des gardes et un bon puissant amène le Simba à aveugler le projecteur en projetant son autre patte à l’intérieur. La réaction des singes est pourtant rapide, et Dajan sent la brûlure intense des craches-feu sur son dos [-2 Lethal damage]. Les ténèbres de la nuit retombent pourtant comme prévu sur le navire et le village de la lagune.

Ce décor obscur est pourtant déchiré par un hurlement aigüe et terriblement long, qui vrille vos tympans…

Nihahsah :

La Mokolé fend les flots, attentive à l’ennemi qu’elle pressent nager dans les mêmes eaux. La menace se précise enfin. D’abord flou dans la noirceur marine, la forme est pourtant colossale. Mais sa vitesse de déplacement est stupéfiante et elle est rapidement sur Nihahsah. Les yeux protégés par une membrane transparente, la Mokolé peut à présent discerner son adversaire qui ne peut-être autre qu’un suppôt du Ver.

Le corps est long et effilé, semblable à celui des représentations symboliques du dragon asiatique. Mais là s’arrête la ressemblance, car le corps est couvert non pas d’écailles, mais d’une épaisse pellicule de graisse verdâtre sur laquelle l’eau de la lagune n’a pas de prise, expliquant peut-être sa vitesse déconcertante. Des pattes aux griffes longues et aiguisées jonchent ce corps cauchemardesque, au milieu des nageoires nombreuses et flageolantes. La tête de la créature ressemble à celle d’un espadon, mais d’une grosseur disproportionnée par rapport à son corps tubulaire. Les yeux sont eux exorbités, gros et suintent d’un liquide jaune purulent dans laquelle se discerne une malignité infinie.

D’un brusque mouvement, la bête se redresse et extrait le haut de son corps des eaux pour pousser un hurlement de guerre affreux, perçant et insupportable. Elle replonge ensuite pour attaquer la Mokolé, dans une tentative d’enrouler son corps autour de la forme du dragon adoptée par Nihahsah.

Je ne vois pas l'initiative de la bestiole du coup je la compte avec les hommes de main pour cette partie

La créature glisse avec agilité devant moi qui suis pourtant en phase avec l'élément aquatique, se déplaçant à une vitesse folle et pousse un hurlement qui fini de signaler leur présence aux yeux de tous. Cette immonde créature du Ver se signe par ce hurlement en tant que prédateur, mais en plus me défie sur mon propre territoire comme si je n'étais pas la lorsque qu'enne replonge vers moi et commence à m'entourer de son corps glissant.

Bien plus agile que moi la créature s'enroule autour de mon corps tandis que la rage afflue en moi avec une facilité déconcertante car bien que je ne sois pas une excellente combattante, je ne suis pas en reste malgré tout. [Dépense de 2 points de rage pour action supplémentaires] L'adrénaline aidant le temps semble s'étendre tandis que notre ballet marin prend forme, elle dansant autour de moi et moi tentant de lui échapper. Malheureusement ma forme Archide bien que unique manque cruellement d'agilité en comparaison à la créature qui me fait face et je me retrouve rapidement à désespérément essayer de me libérer de ses anneaux qui se serrent. La frustration de ne pas y parvenir, prend le pas sur la raison et la rage continue de noircir mon cœur et ce n'est plus pour mes semblable ou la prophétie que je me bat, mais aussi pour sauver ma propre vie, ici, au seuil de nos maisons.

Je pousse alors un hurlement, vraisemblablement inaudible de la surface, mais qui fait marquer un temps d'arrêt au support du Ver, un temps d'arrêt court mais suffisant pour moi pour refermer mes puissantes mâchoire sur son corps tendre, le goût répugnant de son sang vicié se répandant dans ma bouche, sur mes crocs, dans l'eau. [Cri du prédateur/Perle ardente]
Clairement ce qu'il me manque en agilité je le possède en puissance et je verrouille ma mâchoire sur cette prise, arrachant un hurlement strident de douleur à la créature qui se jette sur la base de mon coup essayant d'enfoncer ses crocs sur ma puissante armure d'écaille dans la peur et la fureur. Je ne suis pas du genre à être une combattante gracieuse, manquant clairement d'entrainement, mais suis comme un bulldozer qui ne lâche rien, et les assauts répétés de la créature ne me font pas lâcher prise. Bientôt elle finie par réussir a enfoncer ses crocs malgré les écailles protégeant mon corps et c'est dans un râle de douleur que je secoue ma gueule dans tout les sens espérant sectionner le corps de la créature de la partie saisie et essayant de la griffer sans succès.

Le noir est revenu, et notre avantage avec. Les quelques brulures que je sens dû à l'utilisation de leurs bâtons qui fait bang en vaut la peine.
Je sens le goût métallique et salé du sang, l'odeur de la mort et cela me ravit. Mes ennemis vont tomber ce soir, ils ont osé venir sur notre territoire comme si ils étaient sur le leur. Enfin, je peux laisser libre court à ma nature.

C'est à ce moment que retentit le long cri qui me fait baisser les oreilles. Ils ont amené une créature du Ver avec eux! Je sens la rage monter en moi, ils viennent nous attaquer en souillant encore plus le sol qui nous nourrit.

Je me retourne alors vers le groupe restant sur ce tronc métallique tout en prenant ma forme de guerre. Et sans attendre, je bondis sur eux en poussant un feulement à glacer le sang.

Ce soir je suis la vengeance, cette nuit je suis leur mort.

Autour de moi, une vive agitation éclate. Des gerbes d'eau s'élèvent de la rivière tandis que Nihahsah est aux prises avec un avatar corrompu de notre ennemi commun, et je sens plus que je ne le vois Dajan se jeter lui aussi dans la mêlée dans une brutale explosion de violence.

Mais tout cela en cet instant reste lointain, presque étranger, et pourrait se dérouler à des kilomètres d'ici sans faire la moindre différence. Car mes opposants sont nombreux, et déterminés. Ils connaissent ma nature, et sont venus pour inverser les rôles : faire de nous les chassés plutôt que les chasseurs.

Folie que tout cela, mon âme de poète aurait sans doute des développements sans fin à y consacrer, mais ce sera pour plus tard, car tout de suite, je dois leur montrer que même loin, très loin de chez lui, un loup reste un loup, et n'est pas une proie à négliger.

L'un d'entre eux est déjà tombé, et quand je m'élance dans un vif écart, j'oblige deux des soldats ennemis à reculer vivement, et à trébucher contre le corps étendu de leur collègue, m'accordant ainsi une brève ouverture pour les attaquer. [Dépense d'1 pt de Rage]

D'abord un puissant coup de griffe vient littéralement éventrer le premier des deux soldats, répandant tripes et boyaux au sol dans un bruit aussi écœurant que l'odeur qui emplit l'atmosphère la seconde suivante. Mais je suis déjà lancé sur le second soldat, et ma seconde main s'abat du haut le bas, attrapant la tête de l'homme en lui arrachant œil droit, nez, joue droite et lèvres, ne laissant à la place du visage qu'une pulpe sanglante tandis qu'il s'effondre au sol en se tenant la tête. Regrette-t-il ses choix ? Je l'espère, mais à moi de ne pas regretter les miens.

Car derrière moi, deux hommes sont toujours bien présents, fusils d'assaut en mains, je peux presque sentir leurs sourires sardoniques sur leurs visages impies de serviteurs zélés d'un maître qui en compte bien trop.

Le claquement des balles n'attend pas plus longtemps, et elles sont nombreuses à déchirer la nuit, moins à transpercer l'épaisse fourrure qui parcourt tout mon corps. [3 dégâts létaux]

Nihahsah :

L’adversaire est redoutable, et votre combat sous-marin dantesque ne passe pas inaperçu. A la surface, les soldats restés sur la barge arrosent le lieu supposé de votre affrontement, pris de panique. Sous les flots, tu fais face à une adversité terrible. Tu opposes au vice de la créature ta férocité et ton abnégation. T’échapper de son emprise te demande un effort prodigieux mais finalement couronné de succès. Ta riposte trouve aussi sa cible et ta  mâchoire puissante se referme sur le corps longiligne de la créature du Ver. Un goût abject envahit ta gueule, savant mélange de fiel et de pourriture. Pas suffisant néanmoins pour te faire renoncer à ta proie. Mieux, tu accentues la pression de ta prise et malgré l’étrange élasticité de ta proie, elle ne parvient pas à s’échapper.

Inaudible pour les autres, ce combat de titans laisse des traces sur les corps engagés, et les griffes aiguisés de ton adversaire labourent ton flanc, provoquant une brûlure intense. Et toujours ce goût infect dans ta bouche.

Tu parviens à contenir une nouvelle ruade, mais pour une raison inconnue, tes forces s’amenuisent à grande vitesse. Ta proie se libère alors que, sans que tu n’en maîtrises le processus, tu reprends ta forme native. En un instant, tu n’es plus que Nihahsah, perdue au milieu des flots, obligée de revenir à la surface pour prendre de l’air. Ton combat vous a mené à une trentaine de mètres de la rive. Sous toi, les eaux te semblent à présent sombres, profondes et terribles. Tu sais que ton adversaire n’est pas vaincu. Tu sens qu’il fonce vers toi. Désespérée, abandonnée par tes forces pour une raison incompréhensible, tu te mets à nager du mieux que tu peux vers la rive pour fuir le monstre. Vaine tentative te dis-tu…

Dajan :

Tu savoures ta victoire, l’œil ardent n’est plus. Les ténèbres dissimulent le prédateur à sa proie. Et tu es le prédateur.

Pris de panique, les mercenaires encore sur le tronc de métal tirent dans tous les sens, vers toi, mais aussi vers les flots. Ils ne sont que chair facile à déchiqueter de tes crocs et de tes griffes. Tu es le seigneur de l’Afrique, ces parjures ne souilleront plus ta terre. Bondissant d’un endroit à un autre de l’esquif, tu profites méthodiquement de la confusion de tes adversaires pour réaliser un carnage parmi les soldats. Ce n’est que lorsque tu atteins la poupe et les derniers soldats désemparés, que ton oeuvre de mort est ralentie.

Nihahsah vient de réapparaître à la surface, sous sa forme humaine, à quelques mètres de ta position. Ton regard de chat remarque aussi l’onde se déformer en un trait unique qui fend les eaux en direction de la jeune femme…


Gipsy :

La douleur est vive et brûle ton dos, élargissant encore un peu plus le sourire sadique des soldats survivants. Par chance, les balles n'ont pas été moulées dans le métal honni. Un bon point. Tu bondis vers eux pour en finir, mais un tir de fusil invisible vient réduire le nombre de tes adversaires de un, ce qui fait tes affaires. Le dernier des mercenaires à portée n’est qu’une formalité qui tombe sous tes griffes. Déjà tu te retournes vers le tireur inconnu avant de reconnaître le visage ridé mais familier : Maman Abigail.

La vieille femme, un antique fusil encore fumant dans les mains te crie par dessus la mêlée :

- C’est un adversaire au-dessus de vos forces. Votre mort ici ne servirait à rien, il vous faut poursuivre votre quête. Rassembles tes frères de couvée, je vais vous conduire au portail…

Tous :

La fragile maison de bois où vous étiez réunis quelques minutes plus tôt vole alors en éclat sous l’apparition d’une créature sortie tout droit d’une ère qui prédestina celle de l’humanité. Un mastodonte à quatre pattes, dont une crête titanesque  couvre le dos et deux longues cornes orne la tête reptilienne. Les yeux respirent pourtant une intelligence  profonde. En réalité, vous reconnaissez ce regard, celui de Papa Opeyemi. D’un pas étonnamment leste pour ce corps de plusieurs tonnes, le dinosaure fonce dans les flots avec l’intention manifeste de s’opposer à l’adversaire qu’a déjà affronté Nihahsah.

Le souffle saccadé par l'effort violent que je viens de faire pour me débarrasser de mes opposants, je laisse de côté la sourde douleur provoquée par mes blessures - qui ne tarderont pas à se régénérer - pour me tourner vers la vieille Maman Abigail et écouter religieusement ce qu'elle a à me dire... Même si certains instincts profondément ancrés m'inciteraient peut-être à combattre, je comprends la sagesse de ses paroles, et toute la profondeur qu'elles prennent, alors que ma vision se porte naturellement vers l'énorme reptile préhistorique qu'est devenu Papa Opeyemi.

La compréhension se fait immédiatement dans mon esprit, ainsi que dans mon cœur. Nous ne sommes pas de taille, mais peut-être ne l'est-il pas non plus, seulement il est vieux, sage, et nous sommes jeunes, et avons une mission capitale à accomplir...

Je refoule l'émotion qui me monte dans les yeux malgré la situation précaire qui est la nôtre, et la gorge nouée, me contente de hocher la tête en direction de Maman Abigail avant de courir en direction du rivage.

Une fois sur place, je hurle d'abord à Dajan Nous devons partir maintenant ! Pense à notre mission, laisse-le faire ! dis-je en désignant le mastodonte qui approche des flots.

Mais mon regard n'a pas quitté les flots, et conscient des risques que je prends, j'attends le moment où Nihahsah va passer la tête hors de l'eau pour attirer son attention en hurlant et désignant Papa Opeyemi Repli ! lui hurlé-je simplement, accompagnant mes paroles d'un geste lui signifiant de sortir de l'eau.

C'est avec un feulement que j'achève le dernier homme du dernier tronc de métal. Je suis un Simba et une fois de plus j'ai appliqué la sentence.
C'est alors que je vois la fille émergée et se mettre à nager vers la rive. J'allais clamer ma fierté de la voir vainqueur de son combat lorsque je remarque l'onde qui se déplace vers elle. Mon instinct me dit de sauter sur le dos de la créature qui l'attaque, mais c'est à ce moment que le loup me crie ses mots. Je remarque alors le mastodonte qui se dirige vers les flots.
En moi nait un profond respect pour cet homme prêt à mourir pour sauver la jeune génération de son espèce. Surtout que c'est un homidé et que ce trait de caractère est moins ancré en eux.

En attendant, Nihahsah est blessée et peine dans cette eau.
*Lumière de la nuit, veille sur tes enfants.*

Je saute alors à l'eau, même si cela me déplait au plus au point et nage vers celle à qui j'ai lié mon destin pour l'aider dans sa nage. Après tout, cette forme est bien plus puissante que celle qu'elle arbore présentement.

C’est avec la force de la frayeur mais non pas celle du désespoir que je nage vers mes compagnons d’infortune, puisant dans tout ce qu’il me reste d’énergie pour y parvenir. Je ne cherche pas à comprendre la situation pour le moment, seulement préoccupée par une seule pensée : La survie.

Je n’ai pas le droit ni la possibilité de mourir ici et maintenant, aucun d’entre nous ne le peux mais ma place dans toute cette histoire me l’interdit. Je bois la tasse et je suffoque, me battant avec l’eau normalement mon alliée afin de pouvoir rejoindre le village et c’est seulement lorsqu’un énorme bruit se fait entendre que je relève un instant la tête pour voir la grandiose forme de papa Opeyemi.
Cette vision gonfle mon cœur de fierté et remplis mes yeux de larmes les paroles et gestes de Gipsy m’apprenant bien assez sur ses intentions. Au même instant j'aperçois énorme lion qui se jette à l'eau et vient m'aider à remonter, m'offrant son énergie et son être pour me sauver. qui se jette à l'eau sous sa forme. C’est donc avec un regain d’énergie, que je parviens à m’accrocher à lui puis à nager jusqu'au ponton en bois profitant du fait que l’attention de la créature ne soit plus tournée vers moi, mais vers son nouvel opposant tout désigné.

Je grimpe en poussant un cri tant la demande est intense, ce n’est que lorsque mon corps est sorti de l’eau et que mon visage touche enfin le bois alors que je m’effondre que je me permets de hoqueter et de recracher l’eau que j’ai pu boire essayant tant bien que mal de me relever pour rejoindre le Loup-garou.

Aidé du Bastet, Nihasah parvient à se hisser sur le bateau dont les précédents propriétaires ne sont plus que des corps ravagés. C’est à cet instant précis que la créature du Grand Destructeur sort de l’onde et ouvre une gueule d’une taille abominable, gorgée de crocs multiples, comme pour engloutir la partie du bateau sur laquelle se tiennent la Mokolé et le Bastet. L’intention du monstre est annihilée par la charge féroce de Papa Opemeyi sous la forme mythique des Mokolés. Son front orné de cornes titanesques percute votre adversaire à la longue forme serpentine et gluante pour repousser son assaut.

La suite n’est que gerbes d’eau qui volent en tout sens et cris d’un autre âge, tandis que les corps des deux monstres s’enlacent en une danse de mort dans laquelle Papa Opemayi n’a que peu de chances de sortir vainqueur en milieu aquatique.

A la fois horrifiés et admiratifs du sacrifice consenti par le vieil homme, il vous faut les cris de Gipsy et Maman Abigail pour sortir de votre torpeur et vous précipiter vers le rivage, sur un bateau rendu instable par la bataille qui se livre à quelques mètres de là.

- Venez, vous dit la vieille femme. Le vieux Opemeyi en a vu d’autres, ajoute-t-elle d’une voix qui ne peut masquer son inquiétude.

Autour de vous, tout n’est que désolation : Le village lacustre est en ruines, certaines huttes sont la proie des flammes tandis que les murs de planches d’autres ont volé en éclat sous les impacts d’armes lourdes. Quelques corps sans vie d’habitants sont à terre, mais grâce à vos actions, la plupart des civils ont pu s’enfuir et vous devinez à l’absence du pick-up de Susiliwati que celle-ci n’y est pas étrangère. Sans vous attardez, et après un dernier regard vers le vieux Opeyemi qui livre sans doute son dernier combat, vous vous enfoncez dans le mur vert de la forêt primordiale.

D’un pas leste, Maman Abigail se dirige avec assurance dans le labyrinthe inextricable des troncs centenaires. Les lumières du village en flammes s’éteignent doucement jusqu’à ne laisser que les ténèbres autour de vous. Ici, Séline n’apporte aucun réconfort à la nuit, la canopée est bien trop épaisse. Les bruits d’un millier de vies animales vous environnent. Incroyable contraste avec votre affrontement quelques minutes plus tôt. Vous marchez dans les pas de la vieille femme pendant une durée indéfinie, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’arrêter.

- Ici s’achève notre rôle de guide, à moi-même et au vieux Opeyemi. Désormais vous devez suivre votre propre voie mes enfants. D’un geste de la main elle désigne la forêt qui s’étend toujours plus intensément devant vous. Si vous poursuivez votre marche dans cette direction, vous pénétrerez dans un reflet de la terre des Sauriens. Je dois pour ma part retourner auprès du vieux Opeyemi, car telle est ma place. Souvenez-vous de ses paroles, elle vous guideront dans la tâche qui vous est confiée.

Sans un mot de plus, elle se détourne pour faire demi-tour à moins que vous ne l’interpelliez. Devant vous, un ruisseau sauvage est la seule frontière visible vers une forêt qui ne se distingue en rien de celle vous venez de traverser.

L’heure du choix a sonné.

C'est en serrant la mâchoire à m'en casser les dents que j'ai poursuivit mon chemin jusqu'ici, blessée et sachant que je ne le laisse que chaos et destruction derrière moi, mes ennemis me filant comme des limiers. J'ai au moins l'espoir de savoir que ma mère s'en a pu partir avec la majorité des civil, mais cette pensée n'allège que bien peu ma peine. Je n'ai pas cherché à retenir mes larmes, même si elles se sont taries pendant notre marche.

J'écoute Maman Abigail, sachant que ce n'est pas un aurevoir, mais un adieu. Épuisée, blessée, en colère je sors tout de même de mon état second pour m'adresser à elle pour ce que je pense être la dernière fois. Aurevoir Maman Abigail, puisse Hélios veiller sur vous.

Tandis qu'elle repart, j'observe avec une grimace de douleur la blessure sur mon flanc, celle qui semble avoir provoqué mon retour à ma forme native sans que je ne puisse rien y faire. Je regarde alors mes deux compagnons d'infortune et demande. Lorsque la créature m'a blessée j'ai perdu mes forces d'un coup... L'un de vous s'y connais en premiers soins ?

Je ne perd cependant pas de temps et en attendant, me remet en marche à moins que l'un d'eux ne m'arrête. Trop de gens sont morts pour que je puisse arrivée jusqu'ici, j ene peux pas m'arrêter.

Cette marche a tout d'une fuite. Ce village, ces morts, ces sacrifices, tout indique un nouveau combat pour la survie qui laisse l'espoir de pouvoir poursuivre la lutte, mais qui se solde tout de même par la défaite et la douleur. Comme trop souvent, et ce n'est pas la localisation de ce combat sur un continent que je connais si mal qui y change quoique ce soit. Une preuve que Gaïa n'a pas de frontière, ni notre combat désespéré contre les forces du Ver. Je m'en serais bien passé, je dois bien l'avouer.

J'ai le cœur lourd pour Papa Opemeyi et Maman Abigail, même si leur sacrifice est des plus honorables qui soit. Je ne les comprends que trop bien, et cela laisse aux survivants une responsabilité d'autant plus lourde. C'est du moins ce que je me dis en voyant la matriarche s'éloigner vers son destin, et mon regard se porter vers Nihahsah, qui doit se sentir bien seule et bien alourdie par le poids de ses devoirs.

Je pose une main fraternelle sur l'épaule sur la jeune femme, et secoue négativement la tête en réponse à sa question. D'une voix douce et encore teintée par l'émotion du départ de Maman Abigail je réponds :
- Je ne m'y connais pas du tout, non. Tu ne parviens pas à récupérer de ces blessures par la régénération ?

Mes yeux glissent ensuite vers la forêt primordiale qui nous entoure, et cette frontière invisible qui nous sépare, aux dires de Maman Abigail, du reflet du royaume des sauriens. Ce qui m'amène naturellement à reprendre la parole :
- Sais-tu à quoi nous attendre si nous continuons vers ce reflet, Nihahsah ? Le royaume des Sauriens ne m'est pas familier le moins du monde. Et nous allons devoir décider de la marche à suivre.