Terra incognita - Gipsy

Les braseros rougeoient d'une lueur fauve dans la fraîcheur de cette nuit de mars, à l'aulne de la roche qui avait donné son nom au Sept en s'élevant vers les étoiles. Pattes-agiles, le Chante-contes du Sept de la Pierre-dressée, né sous les faveurs de la lune gibbeuse, venait d'achever son histoire. Une histoire narrant la perte terrible pour la nation Garou du savoir des autres enfants de Gaïa durant la guerre de la Rage. Sous la forme d'une morale diversement appréciée par les membres du Sept, Pattes-agiles avait enjoint chacun à réfléchir sur la colère qui pousse parfois  à l'aveuglement, et à ne plus distinguer ses alliés de ses ennemis.

A son tour, Charlène Coeur-mystère, s'était avancée au centre de la ronde formée par l'assemblée des garous du Sept. D'un tour sur elle-même, elle balaya la vingtaine de Garous rassemblés, à laquelle tu t’es provisoirement joint. Pattes-agiles était un ami de Edad, qui est devenu le tien. C’est à son invitation que tu es venu participer à ce rassemblement. Comme tous, ton attention se focalise maintenant sur la Croc d'argent, maîtresse du Sept. La vieille change-forme, de plus en plus marquée par les stigmates du temps, s'exprime en de courts hurlements, comme à son habitude. Leader de peu de mots, elle attire le respect par sa sagacité et non par son verbe.

- Hérisson a parlé. dit-elle en regardant brièvement le Maître du rituel.Les séides du grand corrupteur font mouvement. Les pièces de l'échiquier de l'Apocalypse se mettent en place et nous devrons tous jouer notre partition. Hérisson nous enjoint à rétablir les anciennes alliances qui, seules, pourront nous permettre de remporter la lutte pour préserver Gaïa. Elle marque une pause puis reprend, la voix pleine d'une rage pourtant maîtrisée. Vous savez tous que les sbires du grand Corrupteur se sont infiltrés dans le monde des hommes et leurs "entreprises". L'Alpha de la meute des Vigilants nous a rapporté une information que nous ne pouvons interpréter autrement que comme un signe de la prophétie de Hérisson.

Elle s'écarte légèrement pour laisser la place à un Crinos de petite taille, portant au cou une chaîne de métal au bout duquel est suspendu un téléphone portable de dernière génération. Jérôme Taddei, du clan des Marcheurs sur verre, prend alors la parole devant une audience attentive:

- Vous savez tous que nous soupçonnons de longue date la société Total de couvrir des activités visant à étendre l'influence du Ver. Nous nous inquiétons depuis plusieurs mois de ressources de plus en plus conséquentes allouées au projet Akpo au large des côtes du Nigéria, en Afrique. Nos soupçons viennent d'être agrémentés par le départ précipité de Matthieu de Portzac, l'une des éminences grises de Total que nous pensons perverti par l'influence corruptrice du Grand Ver. Le Marcheur sur verre tourne lentement sur lui-même pour porter son regard sur tous.- Nous avons fait appel aux esprits de la toile pour tracer l’appel qui a déclenché ce départ de Matthieu de Portzac. Les esprits nous en ont révélé la teneur : « Le réveil est proche », tels sont les mots qui ont été employés lors de la conversation téléphonique. Le crinos regagne alors sa place dans le cercle pour laisser à nouveau place à Charlène Cœur-Mystère. Celle-ci laisse à chacun le temps de digérer cette information avant de reprendre :

- Je ne peux malheureusement envoyer de nombreuses forces sur ces terres inconnues des nôtres, et nous avons à faire ici. L’un d’entre-vous accepterait-il de partir enquêter sur place ? Avant que vous ne répondiez, sachez que celui qui partira sera livré à lui-même, avec Gaïa et Luna pour seules compagnes. Ces terres sont au-delà de notre influence, aux mains d’autres change-formes avec qui nous n’avons aucun lien…

Le silence se fait dans l’assemblée, seulement troublé par  le crépitement des flammes dans les braseros. Tu peux sentir sans même tourner la tête dans sa direction que le regard de Pattes-agiles pèse sur toi.

Une destination n'est que le moyen de découvrir d'autres voies pour en atteindre de plus intéressantes...

Les sages paroles d'Edad résonnent dans mon esprit un instant dans le crépitement du feu et les paroles du Galliard.

Mon vieux mentor avait toujours eut raison, et cette fois ne faisait pas exception. Je regardais Pattes-agiles terminer le conte de la perte du savoir sur fond de vertu de la patience et de la modération. Le feu intérieur de sa passion demeure -malgré son âge- inchangé, et même si la morale ne plait pas à tous, tous ont su apprécier le Conte à sa juste valeur grâce à ses talents d'orateur.

J'adresse une tape franche sur l'épaule et un sourire amical en guise de félicitation à cet Oncle lointain qui laisse sa place à celle qui va sûrement exposer le but de ma présence ici. En effet, même si Pattes-agiles a tout à fait le droit de me convier aux réunions de son Sept, et même si la tradition voit d'un mauvais oeil de ne pas m'accueillir comme un frère, les rites pratiqués dans ce Caern de la pierre dressée ainsi que la tonalité de cette ambiance me font dire que je ne suis pas ici pour une simple réunion amicale. Il s'agit bien plus un conseil de guerre du Sept, congrégation auxquelles on convie bien rarement des membres d'autres Sept, ou pire, des solitaires dans mon genre.

J'attends patiemment que le tapis de déclarations de Charlène Coeur-Mystère se déroule. Leader avisée d'un Sept assez impulsif, elle va droit au but comme a son habitude, présentant Jérome qui expose clairement le but de cette assemblée. Charlène parachève en présentant clairement la mission, son caractère solitaire et éloigné de ce que la plupart des Garous occidentaux connaissent...Sauf moi.

Je sens le regard de Pattes-agiles se porter sur moi. Evidemment. Ce n'est pas un hasard. Cela ne pouvait l'être. Un soupir mental, mais vite remplacé par la vision d'une opportunité. Je glisse un regard compréhensif vers Pattes-agiles, et m'avance humblement dans le cercle de l'assemblée :
- Je me porte volontaire, annoncé-je sur un ton de voix calme aux accents exotiques. Je ne cherche à me dérober à aucun regards, que je rends patiemment un par un, montrant ainsi que je respecte mes frères loups, et que je ne cherche rien d'autre qu'un temps de parole.

Avant que les critiques ne fusent, je salue humblement la chef de meute, et m'avance encore un peu. Puis ma voix se fait captivante, tandis que je me présente à eux :
- Je suis Gipsy Fils-du-vent, de la Tribu de ceux-qui-glissent-en-silence. Mon guide était Edad Murmure-des-Sages, un des grands chasseur du Ver de notre tribu. J'ai été invité par votre frère de meute et chante-conte, Pattes-agiles. Je ne suis qu'un invité ici, et j'ai conscience de n'avoir aucun droit particulier à la parole du Sept...Dis-je en fixant tout le monde pour bien faire passer le message que je ne cherche aucunement à voler la gloire de leur Sept. Puis je tourne mon regard de braise vers eux, revenant souvent sur Charlène :
- Mais je peux vous rendre ce service. Comme vous l'avez dit, vous avez fort à faire ici, mes frères. Pour ma part, je suis un nomade. Habitué à cette vie solitaire, et qui connait ces contrées lointaines. Et j'ai toute ma vie de Loup combattu le Ver avec le grand Edad. Si vous le voulez, ce sera un honneur pour moi d'être votre traqueur et messager pour dévoiler les secrets que le grand Ver cache à vos yeux en ces terres africaines..., finis-je d'une voix ferme et déterminée, où percent les accents de la sincérité et de la force de caractère qui se dégage de chacun de mes mots.

Les regards des membres du Sept se croisent à plusieurs reprises lors de ta prise de parole et nombreux sont les loups qui te considèrent avec curiosité ou suspicion, parfois les deux. Il se passe plusieurs secondes de silence avant qu’une autre garou ne réagisse à la demande de Charlène Cœur-Mystère. C’est chose faite lorsque se dresse une louve à la fourrure d’un argent éclatant. Il se dégage de sa forme crinos une aura de détermination et d’autorité naturelle. Tu la resitues immédiatement : Léa Fléau-des-esprits. Pattes-agiles te l’a présenté comme la petite-fille de Charlène, d’ascendance lupus et née sous l’Auspice des Théurges. Léa a perdu les autres membres de sa meute après avoir livré une féroce bataille contre un Esprit corrompu qui avait constitué  un trou d’enfer dans l’Umbra proche de la centrale nucléaire de Fessenheim. Si l’esprit a été vaincu, la perte des membres de sa meute a mené Léa au bord de la malédiction de l’Harano. On l’a dit maintenant en quête de rédemption et de gloire pour honorer la mémoire de ses frères.

- L’étranger a bien parlé et l’appui de notre chante-conte joue en faveur de son plaidoyer, elle adresse un regard indéchiffrable vers Pattes agiles avant de poursuivre, mais il n’est pas de notre Sept. Ceux de la tribu des Arpenteurs silencieux sont connus pour la volatilité de leur fidélité. Je suis prête à prendre la charge de cette mission à mon compte et vous rapporter les éléments que je découvrirai sur cette terre inconnue.

Après un dernier regard de défi dans ta direction, elle rejoint les rangs de l’assemblée.

Charlène Cœur-Mystère se rend à nouveau au centre du cercle formé par vous tous. Précise, elle reprend la parole :

- Y a-t-il d’autres volontaires ? Le silence qui suit tient lieu de réponse. Fils-du-vent, ton courage t’honore, Pattes-agiles ne s’est pas trompé en t’invitant à nous rejoindre. Elle marque une pause pour se tourner vers sa petite-fille. Léa, je suis heureuse de voir que tu souhaites mettre un terme à ton deuil de la plus juste des façons. Vous avez tous deux des qualités différentes qui seraient utiles là où je vous demande de vous rendre. Aussi, mon verdict sera celui-ci. Si cette assemblée en est d’accord, vous veillerez l’un sur l’autre dans la quête que je vous confie et que Hérisson veille sur vous.

Un long hurlement, à la fois lugubre et plein d’énergie vient saluer les paroles de la maîtresse du Sept, stipulant ainsi l’accord des membres de l’assemblée à la décision de Cœur-Mystère.

Pattes-Agiles se dresse alors, et de son hurlement puissant ajoute :

- Les esprits nous montrent la voie. Il est temps pour nous de les remercier et de consacrer notre Caern afin que jamais ne se tarisse son pouvoir. Loups du Caern de la Pierre-dressée, à moi pour mener à bien le rite de l’Assemblée !

Comme par magie, les pulsations d’un tambour résonnent dans la nuit et chaque garou se lance dans une danse effrénée autour à la lumière des braseros. A corps perdu, tu participes à ce rite qui finit par une grande chasse dans la forêt de Fontainebleau.

Ce n’est qu’au petit matin que tu t’éveilles après un bref sommeil. Accroupie devant toi, Léa se tient à un mètre de ta position.

- Ma grand-mère n’a pas voulu te faire perdre la face hier soir, mais tu n’as pas à te risquer dans une histoire qui ne te concerne pas. Quittes le Caern en paix, je remplirais l’office et la quête de mon Sept.

Son regard ne lâche pas le tien.

La petite fille de Charlène s'avance. Évidemment, encore une fois. Les arguments sont les mêmes, quel que soit le Sept auquel je tente d'offrir mon aide. Ce qui ne l'est pas en revanche, c'est la décision étrangement sage de Charlène. J'acquiesce à sa décision. Puis je me joins à la cérémonie, à la danse et à la chasse. Seul moment où je me sens presque réellement partie intégrante d'une meute.

L'odeur de la croc d'argent me réveille d'un songe de Gaia. Le discours de Léa n'est pas vraiment une surprise. Tant à cause de ce qu'elle cherche à prouver, que le fait que j'ai toujours été considéré de cette façon. Un bâtard qui n'a sa place ni chez les hommes, ni chez ses frères garous. Je me relève doucement, tout en prenant garde de ne rien provoquer pour l'instant. Nu et accroupi sous ma forme d'homme, mon attitude défensive lui indique que même si je ne cherche pas à la provoquer, je suis prêt à me battre s'il le faut. Même si je me doute bien du résultat de ce combat, je n'hésiterais pas.

Les restes de cette nuit sauvage font monter ma rage malgré moi. Je ferme les yeux une seconde et la canalise de toute la force de ma volonté. Lorsque je les rouvre, c'est pour les poser calmement sur elle avec un sourire indéchiffrable :
- Une personne aussi sage et fière que Charlène Coeur-Mystère n'aurait pas épargné l'estime de soi d'un "étranger" au Sept...Même si c'est un invité de son chante-conte...Non, sa décision était avisée. La seule à prendre, vues les circonstances.  

Mon regard se fait moins dur, et mon attitude se détend, un air de lassitude sur les traits :
- Je suis désolé pour la perte de ta meute. Je comprends ta rage et ton envie de vengeance, et je ressens aussi ce feu dans mes entrailles. Mais ne laisses pas ta colère t'aveugler et te laisser confondre amis et ennemis..., dis-je en rappelant ainsi la morale du Conte de Pattes-Agiles, encore bien présent dans ma mémoire.

Mes traits tirés par cette nuit enivrante s'opposent à la lueur déterminée qui habite mon regard lorsque j'ajoute :
- Je ne cherche à te voler ni gloire ni honneur dans cette quête. Je me contenterais d'être ton allié et ton guide en ces terres dangereuses dont tu ignores tout. Fais en ton parti, ou subis le. Mais je ne me déroberais pas à cette mission. Ta grand-mère a parlé. L'assemblée a hurlé son approbation. Abandonner maintenant, ce serait manquer de respect à mes frères, au chef du Sept, et me couvrir de honte..., finis-je en fixant mon regard dans les siens, pour lui montrer la fermeté de ma résolution.

Immobile durant toute la durée de ton intervention, seuls les mouvements de queue de la louve trahissent son agitation intérieure. Lorsque tu en as fini, elle se lève sur ses quatre pattes et commence à tourner autour de toi, une attitude claire de défi, mais elle n’esquisse pas le moindre geste que tu pourrais interpréter comme une agression.

- Tu ne sais rien de ce que peut-être la perte de frères et sœurs de la meute. Ceux de ta tribu sont des solitaires qui ne comprennent pas la voie du loup.

Ces paroles sont crachées dans un grondement de gorge et, malgré ton calme, tu te tiens sur tes gardes.

- Tes paroles ont la saveur du sang chaud, mais je sens la chair faisandée qui se cache derrière. Je ne peux relever la décision du Sept, mais au moindre faux-pas, j’aurais ta gorge.

Sans un mot de plus, elle s’élance et quitte l’endroit où tu t’étais abrité pour dormir. Le reste de la journée se passe en préparatifs, mais tu reçois la visite impromptue de Pattes-agiles.

- Tu as bien parlé hier, fils de Murmure-des-sages. Crois-moi, je suis navré de t’avoir poussé dans cette situation, mais mes options de confiance étaient minces. J’espère que tu ne m’en voudras pas trop. Sois vigilant, tu pars dans une partie du royaume de Gaïa qui nous est dissimulé par le reste de ses enfants. Leurs coutumes sont autres et nous ne savons que peu de choses du mystérieux continent. Observes et apprends, fils de Murmure-des-sages, cela seul te permettra de mener à bien la tâche qui t’a été confié par Hérisson.

Il s’éclipse sur cet augure inquiétant et tu ne le retrouves que lorsque Luna est haute dans le ciel. Charlène vous a réuni, ainsi que Léa .

Tandis que Pattes-agiles initie le Rite du pont ouvert en psalmodiant au-dessus d’une pierre de chemin, la maîtresse du Sept de la Pierre-dressée vous adresse ses dernières recommandations :

- Il y a fort longtemps, j’ai moi-même voyagé là où vous vous rendez. Je m’y suis fait un ami. Il vous attendra de l’autre côté et vous aidera dans la mesure de ses moyens. Allez, et soyez dignes de la Mère.

C’est dans le silence de la nuit que vous franchissez le seuil du pont de lune qui s’est ouvert. Rapide, Léa s’élance sans attendre sous sa forme lupus, t’obligeant à suivre son rythme infernal. Vous traversez des territoires aux formes étranges, à la fois plus vivant et plus mort que Gaïa, mais le pont de lune vous abrite des habitants des royaumes umbraux qui défilent autour de vous. Enfin, après une longue course éreintante, vous franchissez le seuil d’arrivée du rite pour déboucher dans un espace clôt. Le toit de tôle est à plusieurs mètres au-dessus de vos têtes. Tout autour de vous, des caisses sont alignées dans un désordre anarchique. Un silence de cathédrale plane sur votre arrivée. Une odeur saline flotte sur l’endroit, mais votre museau à l’odorat acéré détecte un autre parfum aux accents métalliques. Du sang.

Léa tourne sa tête argenté vers toi pour vérifier que tu as toi aussi détecté l’anomalie, puis fait quelques pas en direction de l’endroit d’où semble provenir l’odeur sanguine.

La lente parade d'intimidation, qui m'est si familière elle aussi, commence.

La sauvage Léa est perturbée. Je peux le sentir à son odeur, et au mouvement nerveux de balancier de sa queue. Un lent frisson froid m'étreint tout de même l'échine une seconde lorsque je pense à ce que ses griffes et crocs d'argent pourraient me faire. Mais mes traits restent parfaitement impassibles, la suivant lentement pour ne pas me laisser surprendre.

Son discours n'est pas d'une grande originalité - surtout quand on a mon expérience de ce genre de situations- mais sa beauté, son charisme héréditaire et sa soudaine suée de volonté pure m'apportent le fumé âcre d'un mélange de menace presque tangible sur fond de mépris, finissant sur une note de crainte. Mais ce n'est pas moi qu'elle craint, mais bien plus, je le suppose, l'échec.

Je décide donc sagement de ne rien ajouter à sa colère, la laissant s'épancher de sa frustration sans pour autant montrer aucun signe de faiblesse. Elle finit par quitter mon abri, me laissant en compagnie du spectre brûlant de sa dernière menace qui contraste avec l'air frais matinal.

Les préparatifs de voyage d'un garou sont souvent assez courts, quelle que soit son origine. Après tout, même les Homidés dans mon genre deviennent, bon gré mal gré, plus sauvages et frustes que la majorité de nos cousins humains.

Mais plus frugals encore sont les préparatifs d'un des nôtres - ceux qui marchent en silence : un sac de voyage solide et pratique à transporter avec seulement le minimum vital. Un repérage rapide de la destination. Et surtout, surtout, l'expérience d'innombrables Lunes précédentes passées à se priver et à composer avec l'inconnu, notre plus grand Ami après le silence.

Repensant à notre destination, je m'aperçois avec une certaine excitation que ce sera mon premier voyage dans ce Pays. L'Egypte et l'Afrique du Nord sont loin de m'être inconnus, mais cette région d'Afrique profonde m'est restée jusqu'ici totalement obscure, et visiblement assez dangereuse pour que même Murmure-des-sages ne s'y aventure pas s'il pouvait l'éviter. Ce qu'il avait réussit à faire depuis qu'il m'avait pris avec lui. Malgré tout, je jubile un court instant en me laissant porter par le souffle de cette nouvelle aventure.

Au milieu de la journée, Pattes-agiles me rend une visite de courtoisie. D'excuses, en fait, malgré son ton qui pourrait passer pour de la condescendance. Mais je le connais assez pour savoir que ça n'en est pas.

Je laisse planer quelques secondes d'une petite vengeance silencieuse, avant d'ajouter avec un sourire et une tape amicale à l'épaule de l'ami de mon mentor :
- Tu as fais ce qu'il fallait pour ta meute. J'essaierais d'être digne de la confiance que tu me portes, mon frère. Et ce n'est sûrement pas la charmante paire de...Canines argentées de cette tigresse qui va me faire reculer... Dis-je en souriant narquoisement en dirigeant discrètement mes pupilles noires en direction de Léa, qui semble encore me guetter comme si elle s'apprêtait à mettre sa menace à exécution. Puis j'ajoute plus sérieux, juste avant qu'il ne s'éclipse : Merci pour tes conseils. Je tâcherais d'être prudent. Et je la protégerais, je te le promets...Enfin, si elle ne me tue pas avant..., finis-je avec une petite pointe espiègle en le regardant s'éloigner. Puis je reprends mes préparatifs sans même un coup d’œil supplémentaire à ma harceleuse.

La nuit venue, aidé par Charlène, nous prenons le chemin du pont de Lune. Et tandis que je m'escrime à suivre sa furie de descendante, les mots de la Chef de meute résonnent dans ma tête. Allez, et soyez dignes de la Mère

Cette grand-mère louve m'avait parlé comme à  un membre de sa meute. Et je lui en étais secrètement reconnaissant, même si la tête de sa petite fille et sa cadence de course infernale pouvait presque me le faire oublier un instant.

Lorsque nous arrivons enfin à destination, je souffle quelques secondes tandis que j'observe la sorte de...Hangar ? dans lequel nous avons atterrit. Mon repos et ma contemplation des lieux sont malgré tout de courte durée, puisqu'au travers des effluves de l'océan nous distinguons tous deux l'odeur du sang.  Parmi les talents qui m'ont permis de survivre, mes sens sont mon arme principale. Je ferme les yeux me concentrant sur l'odeur métallique [Heightened Sense]. Frais. En quantité importante. Quelqu'un est en train de se vider de son sang. Probablement mort, vu que je n'arrive pas à entendre de battements de cœur ou de respiration pour le moment.

Je plisse les yeux puis prend une longue inspiration en me concentrant sur cet autre sens qui est devenu le mien suite à des années de chasses intensives. Celui qui me permet maintenant de prouver aux serviteurs du Ver qu'ils ont tort de se sentir en sécurité sous d'autres voiles. [Sentir le Ver]

Alors que Léa se dirige vers un cadavre en devenir d’après tes sens, tu tentes de repérer les émanations de la corruption du Ver aux alentours. Son influence et son empreinte sont tout proches, ce qui ne fait rien pour te rassurer. Tous tes sens en éveil, tu emboîtes les pas de la louve.

Vous découvrez le corps d’un homme entre deux caisses. Le sol est couvert de son sang qui s’échappe de la vilaine blessure qui déchire son flanc. Il halète doucement, aux portes de la mort.

- Piégé… Ma sœur… Danger… Aidez-là… La mémoire est la clef…

Dans un dernier effort, l’africain tend un téléphone dans ta direction. Tu as juste le temps d’apercevoir un numéro de téléphone tapé sur le petit écran quand les projecteurs du hangar s’allument brutalement. Perché sur la plateforme devant un bureau en hauteur à une vingtaine de mètres de votre position, un homme en costume vous observe puis prend la parole :

- Voilà donc ce que mon fils attendait. Des renforts. J’avoue être surpris de la nature des alliés qu’il a cherché, mais cela ne change pas grand-chose.

Un silence avant la sentence :

- Tuez-les.

Semblant sortir de nulle part, une dizaine d’hommes équipés à d’armes à feu lourdes surgissent de derrière les nombreuses caisses.

[Compte tenu de l’activation de tes dons, tu peux considérer que tu n’es pas surpris et peux agir librement]

La puanteur mystique m'empeste presque les nasaux. Le ver est ici.

Tandis que mon odorat et mon ouie se concentrent sur la source de la menace, je vois Léa se diriger directement vers le corps de ce qui m'apparaît de plus en plus comme un appât.

Je baisse la tête une seconde, mes longs cheveux bruns voilant mes traits fins à l'expression résignée. Les crocs d'argent..., me dis-je une seconde avec un demi-sourire de dépit. Mais je lui donne raison au fond : quelle que soit les dangers qui nous attendent, nous sommes  probablement déjà pris dans les mâchoires de leur piège. Et malgré la prudence qu'impose la rencontre avec ces horreurs, je ne peux me résoudre a laisser un allié, même s'il est entre les deux mondes, avec ces immondes rebuts.

Arrivé au niveau de celui qui devait sûrement être notre contact, je constate qu'il respire encore, faiblement. Son discours est décousu, mais je retiens le numéro qui apparaît sur l'écran ensanglanté, puis prends le téléphone que je range dans une des nombreuses poches de mon pantalon en toile claire. Dans son dernier souffle, j'ai le réflexe, rôdé par tant d'années à perdre des camarades, de lui fermer doucement les paupières.

Ils arrivent..., deviné-je comme un sombre prophète. C'est effectivement à ce moment là que la voix de notre ennemi s'élève et les projecteurs s'allument. Je tourne la tête une seconde vers Léa pour lui faire comprendre qu'il faudra bientôt se battre pour survivre, même si je me doute que ce genre d'avertissement à une combattante comme elle est inutile.

Les révélations de l'étrange homme en costume sonnent comme la menace de notre trépas. Mais, comme beaucoup de serviteurs du Ver trop confiant, il nous donne quelques informations utiles. Notre contact était son fils. L'ironie et la perversité inhumaine de cette situation ne m'échappe pas. L'âme de cet "homme" a clairement été souillée par le ver. Et ceux que je sens nous encercler sont probablement ses acolytes. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il n'attendait pas forcément des garous. Ce qui veut dire qu'ils ne sont peut-être pas préparés...

Fuir, ou combattre. C'est le dilemme qui s'impose à mon esprit en ébullition tandis que notre bourreau annonce une sentence de mort qui résonne  à mes oreilles comme un refrain usé jusqu'à la corde. Heureusement, j'ai appris depuis longtemps maintenant à survivre aussi à ce genre de menaces. Du moins jusqu'ici...

Fuir ou combattre. Je regarde Léa tandis que les acolytes se révèlent. Je ne sais que trop bien à quoi elle pense. Et même si je n'ai pas l'âme aussi guerrière qu'elle, le Ver provoque chez moi une frénésie à laquelle il m'est difficile de résister.

Fuir ou combattre. Au final, la question ne se pose pas. Face à cette pourriture, mieux vaut la plupart du temps ne pas trop réfléchir. Et j'ai prêté serment de détruire le grand serpent, où qu'il se cache.

Je laisse alors ma rage s'exprimer, dans un souffle libérateur. Les muscles de mon dos tressaillent. Mon cœur bondit presque de ma poitrine sous le coup de l’adrénaline, faisant palpiter ma carotide si fort que le long cordon de cuir à mon cou tressaute. Mes pupilles se contractent et mes narines se dilatent. Un sourire fauve apparaît sur mes lèvres retroussées tandis que j'annonce d'une voix grondante altérée par ma douloureuse et rapide transformation :
- Vous auriez dû fuir tant que vous en aviez encore l'occasion...

Ma pilosité se fait plus abondante, ma peau s'assombrit, et dans une scène assez surréaliste ma silhouette s'allonge et mes muscles se bandent à s'en déchirer dans des craquements d'os inhumains, me transformant presque instantanément en un svelte et immense Garou noir aux inquiétant yeux jaunes [point de rage : forme Crinos]

Puis je fonce vers mes ennemis, ciblant ceux qui sont en dessous de la plateforme d'où nous parlait leur chef. [Si Gipsy trouve un filet assez grand à portée de mains il le lance sur eux de toute ses forces de Crinos. Sinon, il abat sur ses ennemis une tempête de crocs et de griffes avec toute la sauvagerie dont il est capable].

L’inéluctable combat commence sa danse. Un bref coup d’œil vers ta compagne de fortune t’indique clairement que ses intentions sont aussi belliqueuses que les tiennes. La rage s’empare de toi et déferle comme un torrent libérateur le long de tes nerfs. Ta forme Crinos déploie tes muscles et ta silhouette qui éveille le délirium dans n’importe quel humain. A tes côtés, Léa a également pris la forme de l’homme-loup et sa fourrure a pris la teinte de l’argent, bénie par l’armure de Luna. L’assaut est immédiat, brutal et sans pitié. Tu te jettes sur les deux humains les plus proches de ta position. Un seul coup de griffes suffit à déchirer le visage du premier et, pris par surprise, le second n’a pas le temps de réagir tandis que tu assènes un deuxième coup mortel. Le son assourdissant des armes à feu n’arrive qu’à peine à tes oreilles telle est ta furie. La douleur, elle est par contre bien réelle. [Niveau de santé : Hurt]

A tes côtés, Léa s’est également débarrassée de trois combattants sans avoir été blessé d’après ce que tu peux en juger en un clin d’œil. Mais tandis que vous faites face à vos derniers ennemis, deux d’entre eux s’annoncent comme des adversaires d’un tout autre calibre. Dans un bruit écoeurant, la peau de l’un des deux change de couleur et s’épaissit à vue d’œil jusqu’à former une sorte de cuir rosâtre, tandis que des piques épineuses jaillissent de cette carapace de chair. Le second lâche son arme et se transforme en une hideuse et cauchemardesque parodie de l’être humain qu’il était quelques secondes plus tôt. Mesurant à présent plus de deux mètres vingt, ses bras se sont allongés jusqu’à être simiesques et noués de muscles bulbeux et grotesques, tandis que sa face s’est muée en un masque de chair tuméfiée où se niche à présent une gueule bardée de crocs démesurés et anarchiques.

Des fomoris.

Une porte claque, mais vous avez d’autres préoccupations à présent que les deux créatures du Ver fondent sur vous et que les trois autres s’apprêtent à délivrer un nouveau tir dans votre direction.

Un flot d'adrénaline et de rage pure s'abat sur moi tandis que je déchire littéralement mes adversaires. Dans le stacato des fusils des humains, je pousse un cri -de contrariété plus que de douleur- lorsque la balle m'atteint. La rage monte encore d'un cran. Mon coeur d'animal accélère, et je jette un regard luisant aux accents meurtriers au responsable de mon "égratignure".

Du coin de ma pupille lupine je constate que Léa s'est fièrement battue, comme on pouvait l'attendre d'une croc d'argent sûrement bien plus expérimentée que moi en combat. Mais un bruit de sucions attire soudain mon attention dans un frisson glacé qui parcoure mon échine. L'odeur du Ver se fait plus présente, et instinctivement, je pousse un grondement haineux en observant la transformation horrible qui déforme les deux humains en...Autre chose.  Fomoris !, me dis-je dans les brumes d'une raison étouffée par mon instinct de crinos.

La porte qui claque évoque vaguement un sentiment de frustration, totalement occulté dans l'instant par nos deux adversaires. D'un seul coup d'oeil j'évalue la position des autres.

Mon corps et mon esprit totalement pris dans cette transe de combat, je hurle alors mon cri de guerre pour avertir Léa, laissant toute ma rage se canaliser contre mes ennemis (2 Pts de rage > 3 Actions dans le tour).

Mon énorme silhouette noire de Crinos saute alors d'un bond sur le fomor avec les tentacules (celui qui a pas l'armure de piques, quoi :p) toutes griffes dehors, me positionnant si possible en dehors de la ligne de tir des armes automatiques et frappant une première fois (1ère action > Griffes : 8D Diff 6 Dégâts 7A (en forme crinos)).

Puis dans la fureur de ce corps à corps mes muscles se bandent autour de cette monstruosité pour tenter de l'agripper de toute mes forces décuplées (2ème action > Grapple 6D Diff 6 (règles P.297). Si ça fonctionne, je le choppe par les tentacules et le jette de toute mes forces sur ceux qui nous tirent dessus (3ème Action > Body Slam (P.298, je te laisse voir comment le traduire en règle pour ce cas particulier). Si ma prise ne fonctionne pas, je m'acharne sur lui à grand coups de griffes.

La rage continue d’alimenter ta colère, jusqu’à faire de toi une machine à tuer. Tu parviens néanmoins à garder le contrôle de ta bête intérieure pour ne pas sombrer dans une frénésie aveugle. Agissant de manière à échapper aux tirs de balles qui t’ont précédemment touché, tu bondis sur le premier des deux fomoris qui viennent de révéler leur véritable nature. Tes griffes labourent la chair difforme de l’être corrompu alors que tu agis à une vitesse bien supérieure à la sienne.

Le sillon écarlate suffirait à terrasser n’importe quel être normal, mais tu n’as pas à faire à une créature normale.

Profitant de ta célérité tu agrippes la bête par ses bras difformes et t’apprêtes à la projeter lorsque celle-ci dégueule un flot de bile jaunâtre sur ton épaule. L’incendie sur la zone touchée est immédiat, une brûlure infecte qui semble griller tes chairs. [Niveau de santé : Wounded]. Tu parviens pourtant à ignorer la douleur et à propulser la créature impie sur les deux derniers tireurs. Le bruit du craquement qui s’ensuit est suffisant pour te faire comprendre que les deux mortels ont succombé au projectile improvisé que tu viens de leur envoyer.

Tu constates avec soulagement que tes capacités de régénération fonctionnent contre l’hideux liquide qui couvre ton épaule [Niveau de santé : Injured], mais ton attaque n’a pas suffit à terrasser le fomor qui se relève pour foncer dans ta direction, les deux poings prêt à s’écraser sur toi.

Tu n’as qu’un bref répit pour constater que Léa est aux prises avec le second formor et qu’elle est elle aussi blessé, même s’il en est de même pour son adversaire.

Ma petite manœuvre nous débarrasse avec pertes et fracas d'os des deux tireurs restant.

Ma respiration s'est faite haletante, soulevant mon lourd poitrail noir. Tous mes muscles sont aussi tendus qu'une corde d'arc, et l'adrénaline infuse et brûle mon corps et mon esprit. Le balancier de ma queue, agité et rapide, fouette l'air derrière moi au rythme de la tension de ce combat intense.

Je sais déjà que si cette situation s'éternise, je risque de céder à ma bête intérieure. Lorsque je vois le Fomor encore en vie, mon esprit remonte à la surface quelques secondes pour me rappeler le claquement de la porte. Leur chef s'enfuit, et ces deux-là ne sont qu'une diversion pour nous échapper. Lâche !, me dis-je, la rage encore collée aux tripes.

Je ne peux pas laisser la Croc d'Argent seule. J'émets rapidement quelques jappements que seule ma co-équipière du moment peut comprendre :
- Il faut rattraper leur chef ! Laisses tomber ceux-là, suis moi !

Mais le serviteur du ver ne m'a pas oublié, et il se relève, ses poings rageurs m'indiquant qu'il compte probablement me charger. La brûlure sur mon épaule me fait pousser un grognement. Le corps à corps est dangereux avec celui-là..., me dis-je en regardant ses appendices qui fouettent l'air.

Je me mets donc en position défensive en hurlant ma rage pour le provoquer, et décide ensuite d'attendre du coin de l'oeil que Léa se décide à me suivre, tout en m'apprêtant à esquiver la charge du monstre en bondissant du côté de notre future issue.

La puanteur, la douleur, l’adrénaline et l’exultation se confondent dans l’intensité du combat, tu parviens pourtant à garder ta lucidité en même temps que maintenir la bête intérieure sous ton contrôle. Léa semble par contre au bord de la frénésie, chargée qu’elle est par l’influx du combat et le proche trépas de son adversaire. Tu n’as pas la certitude qu’elle ait vraiment compris le sens de ton message à présent que l’animal domine l’humain. Tu ne peux t’interroger plus longtemps car le fomor se précipite vers toi et ses deux bras bulbeux s’abattent avec une force inhumaine dans ta direction.

Par chance, tu as pu anticiper l’attaque et une simple esquive te permet d’éviter la (sans doute) douloureuse frappe de l’adversaire. Ton mouvement te met d’ailleurs dans une situation idéale pour planter tes griffes à l’arrière du crâne  la grotesque créature. Tes griffes, à l’instar de glaives mortels, s’insinuent dans la boîte crânienne puis dans le cortex du monstre, qui s’écroule alors mollement au sol. Mort cette fois-ci.

Alors que ton corps entame son processus rapide de guérison [Niveau de santé : Hurt], tu peux à nouveau couler un regard en direction de la louve. Celle-ci, après une vicieuse attaque enferme le cou épais de son adversaire avant d’effectuer de brusque torsions de celui-ci, déchirant et déboitant la colonne de l’infortuné fomor. Haletants, vous vous faites face. Tu crains un bref moment que la Croc d’argent s’en prenne à toi sous l’effet de la frénésie, mais il n’en est rien. Léa a su garder le contrôle d’elle-même.

Vous vous tournez tous deux vers la porte qui s’est depuis refermé sur l’homme qui s’était initialement adressé à vous.

Léa semble indécise, et sa lucidité t’étonne à cet instant :

- Ce peut-être un piège, ne nous précipitons pas.

Nos deux adversaires sont neutralisés, et je glisse mon regard vers Léa. Etrangement, non seulement elle ne cède pas à la frénésie, mais elle m'enjoins à la prudence. Je réalise alors ce qu'elle doit ressentir. Et ce n'est pas la sagesse qui guide ses paroles, mais la peur de la perte. Dans le tumulte de ma propre rage, je reprends pleinement conscience des raisons qui la motivent et de son histoire. Une légère pointe de tristesse pourrait m'étreindre, si seulement nous en avions le temps.

Je regarde la porte au-dessus de nous, sur la plateforme, par laquelle s'est enfui notre ennemi, puis celle en face de nous, située juste en dessous. Mon instinct et la force de l'habitude me soufflent que ce n'est pas un piège. Mais le voile de ma raison, et le regard de Léa me rappellent que les plans du Ver sont souvent vicieux.

Je hoche donc la tête en signe d'assentiment à la Croc d'Argent :
- ...Très bien. J'y vais en éclaireur par là..., dis-je en désignant d'un doigt griffu la porte en face de moi : Toi, passes par le haut, tu pourras les prendre par surprise si c'est un piège. Je la regarde alors intensément de mes yeux   dorés avant d'ajouter sur une note presque ironique : Ne t'en fais pas pour moi, petite louve. Je ne suis pas si facile à tuer..., finis-je tandis que ce qui pourrait être un sourire tord vaguement ma mâchoire aux crocs blancs et luisants dans la pénombre.

Sans plus d'explications, je m'avance vers la porte du bas en soufflant lentement par les nasaux pour ralentir les battements de mon cœur. Arrivé devant je ferme les yeux quelques secondes et me concentre dans la pénombre moite sur ce que Namaqua, l'invisible serviteur du désert, et Dame Rousse, la prédatrice silencieuse, m'ont appris sous la tutelle de mon mentor. Une chaleur sèche s'élève autour de moi, et mon corps semble s'effriter en grains de sables, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien de moi sauf la plainte brûlante du Sirocco. [Bienheureuse ignorance+Silence]

Enveloppé dans les charmes de Chouette et Caméléon, j'ouvre alors discrètement la porte (en me tenant à l'écart dans le cas d'une réponse armée), tel un coup de vent sur les dunes. Si rien ne se produit, je renifle, écoutes et me concentre sur le Ver [Heightened senses+Sentir le Ver], puis passe la tête vers l'encadrement pour vérifier si la menace est réelle, et arpente silencieusement cette piste. Léa pense que c'est un piège. Je pense que c'était un plan de retraite. Voyons qui a raison...