Sur la corde raide - Nihahsah

Son regard me met soudain une pression énorme sur les épaules mais je le soutient sans sourciller, le sourire de Korben n'annonce rien de bon pour moi ou pour la suite des événements, tout ne s'est pas déroulé comme prévu et même si je voulais éviter d'impliquer d'avantage Niha je pense que je n'ai plus le choix.

- J'en déduit que la mission n'est pas terminée, et qu'une visite et un interrogatoire plus poussé envers Mademoiselle N’Diaye et sa famille s'impose, chose que j'aimerais faire seul, dis je en tournant la tête vers Korben.

Nihahsah:
 
Un long silence suit ta dernière question. Ta mère s’absorbe dans la conduite, mais tu devines que c’est un stratagème pour dissimuler la peine qu’elle ressent et remettre de l’ordre dans ses idées. Sans détourner son regard de la route en latérite qui vous conduit jusqu’au logement familial, piste semée de nids de poules en cette saison des pluies, ta mère finit par souffler :
 
- Djibril, comme ton père, n’a pas le don. Mais c’est une âme forte et tu sais comme moi qu’il est particulièrement têtu. Il était persuadé, à raison sûrement, que la disparition de Masongo était liée à son nouveau poste chez le groupe pétrolier français, Total. Il s’est arrangé par ses contacts à se faire à son tour embaucher. A l’époque, il ne voulait pas que je vous parle de ses soupçons pour ne pas jeter l’opprobre sur mon Masongo. Il devait m’appeler régulièrement pour me tenir informé. Ce qu’il a fait au début, mais voilà près de trois semaines que je n’ai plus aucun contact.
 
Une larme roule sur sa joue. Ta génitrice a toujours été une femme forte, mais tu la sens bouleversée comme jamais.
 
- Oh Nihahsah, je suis tellement désolée. Je voulais te protéger toi et  Idriss de tout cela. Mais… mais aujourd’hui je redoute que cette malédiction ne se projette sur nous tous. J’ai mis mon héritage, celui que je t’ai transmis, de côté pour vivre normalement auprès de vous. Mais le monde me rattrape. Et je ne veux pas qu’il vous arrive du mal.
 
Sur cette dernière confession, les murs d’enceinte protégeant la maison familiale apparaissent dans le scope jaune des phares du véhicule.
 
Dajan :

Black Tooth avance de quelques pas vers toi. Bien que tu sois l’un des membres de son Pride, tu ne peux t’empêcher de frissonner devant l’aura de puissance, l’humeur de guerre qui se dégage de ce Simba. Toutes sortes de légendes courent sur lui, mais tu sais toi pour l’avoir vu de tes yeux, qu’elles sont loin du compte.
Dans le meilleur comme dans le pire.
 
- Laisses le lézard à Korben, il saura la faire parler.
 
A ces mots, le sourire qui étirait les lèvres du Rwandais s’élargit un peu plus, mais Black Tooth reprend sans y prêter la moindre attention :
 
- J’ai une autre mission pour toi, plus conforme à tes aptitudes. Je veux que tu te renseignes sur un occidental qui vient d’arriver sur Lagos : Matthieu de Harcourt, un français et un ponte de la société Total. L’un de mes contacts me dit qu’il s’agit d’une éminence grise de cette corporation qui est liée sans le moindre doute au Grand Corrupteur. Mon contact affirme qu’il arrive ici pour superviser le développement des activités du projet Akpo. Un projet de forage pétrolier au large des côtes de Lagos.
 
Le roi Simba, grogne avec un souverain mépris la suite :
 
- Tout cela pue l’influence de Cahlash, que Seline nous protège. Il se trame quelque chose et je veux savoir ce qu’il en est avant d’agir.
 
Après quelques secondes de silence, il ajoute en guise de conclusion :
 
- Ne me déçois pas, Dajan.
 
Il te tourne alors le dos pour reprendre la position dans laquelle tu l’avais trouvé à ton arrivée, manière brutale de te signifier la fin de l’entrevue. Au large, une masse informe de nuages s’amoncelle dans le ciel noir de la nuit et est parfois zébré d’éclairs qui vont s’écraser sur les flots. Il va pleuvoir avant la fin de la nuit, pas de doute.
 
Korben t’emboîte le pas lorsque vous redescendez les escaliers de béton :
 
- Elle est mignonne, ta femelle lézard ?
 
Inutile de te tourner vers lui pour sentir l’amusement de sa voix.

Je m'éloigne d'un pas rapide de Korben, je crains de ce qu'il va faire a Niha, il n'hésitera pas une seconde à lui faire du mal, et je pense qu'elle a eu sa dose pour aujourd'hui, je grave dans ma tête le nom de celui sur qui je dois enquêter, il va falloir remettre un rapport sans faille, échouer deux fois serait fatal, la nuit s'annonce sombre, je marche vers les rues encore bondées de monde tout en cherchant dans mes poches mon téléphone portable en toute discrétion, on ne sait jamais qui nous observe, j'aimerais écrire un petit message à une connaissance pour la prévenir qu'il serait préférable de se mettre à l'abri, le temps va se gâter..
Afin de ne pas attirer l'attention j'écris le message sans porter mon regard sur le téléphone, avoir mis un raccourci au cas où j'ai à la joindre d'urgence ça aide.
" hey toi ca fai lgtps que l'on ne sest pas vu de mon coté le boulot c 1 peu mortel mon boss est sur mon do ca va chofer il fo kon se voi le plus vite possible quelqun ma dit que vers che toi il y aurai un mec recherché et tre dangereux qui sattaquerai aux femmes tu devrais peut etre dormir ailleurs rep moi vite"
Je pense qu'elle me critiquera au niveau de l'orthographe mais tant pis, je ne peux rien faire de plus pour le moment, un peu de repos et je me met au boulot.

Je respire un grand coup, encaissant tout ce que ma mère me raconte. Il est vrai qu'ici nous avons toujours vécue en autarcie sans trop nous rapprocher de la population Mokolé locale, choix qu'ils ont toujours respecté, même si je suis certaine qu'ils auraient aimé entendre les histoires de ma mère. Néanmoins aujourd’hui il me semble que ce choix semble compromis.

Je me tourne vers ma mère avant que nous sortions de la voiture. Maman tu as fait des choix, qui n'étaient pas mauvais au moment ou tu les as pris. ce qui est arrivé à mon père, je me refuse à l’appeler papa maintenant que je suis au courant que ce n'était pas un mensonge, est de sa faute. Tu peux aimer quelqu'un, tu peux le conseiller, mais tu ne peux pas prendre de choix pour lui. Et il à fait le choix de nous trahir, la colère résonne dans ma voix qui devient plus grave et grondante, j'espère de toute mon cœur que Djibril va bien, même si après trois semaine je n'ai guère d'espoir. Maman, je vais devoir chercher à comprendre ce qu'il se passe, et faire en sorte qu'on laisse notre famille en paix.

Je pense qu'il est temps de prendre contact avec les Mokolé Membe, nous sommes tous en danger, ces gens m'ont bien fait comprendre qu'ils n’hésiteraient pas à s'en prendre à Mélissandre ou Idriss. Je prend ma mère dans mes bras, je sais qu'elle en as besoin, je suis aussi bouleversée qu'elle, les événements de la journée me faisant prendre conscience de ce qui est tombé sur notre famille.

En rentrant je file directement dans ma chambre, laissant à ma mère le temps de réfléchir à tout ça, et prendre une douche, une douche longue pour me détendre. Lorsque je sors de ma douche un sms attend sur mon téléphone.

Que cet homme si propre sur lui ecrive comme un adolescent me fait rigoler, comme le début de son message, et bien quelques heure et le chaton trouve ça long, sa réflexion sur un homme dangereux me fait un peu tilté ne lui ayant pas donné ma localisation, ça ne sent rien de bon et me laisse un sombre sentiment.

Je suis d'accord ce serait bien qu'on se voit, dis moi quand tu veux aller boire un thé, je suis plus flexible au niveau travail.

Ce n'est qu'une question de temps avant que la localisation de Niha soit connue de Korben, j'ai attendu d’être chez moi pour lire le sms que j'ai reçu en chemin et pour lui répondre.
Demain midi me parait une bonne idée, choisis le lieu j'y serais, ne dors que d'un œil ce soir.
La journée a été très longue, et la nuit sera très courte, je repense aux événements de la journée et la situation est mauvaise, les activités du Ver s'intensifie dans le pays, les dommages collatéraux commencent, et de nombreuses personnes vont y être impliqué, et en prime ma tête peut rouler sur le sol en cas d'échec sur ma prochaine mission, un peu de repos me fera du bien, je m’effondre sur le lit et entrevoit blacktooth, le sourire menaçant de Korben et le visage de Niha avant de sombrer dans le sommeil.

Dajan:
 
Rentré dans le petit appartement que tu t’es loué en centre-ville, tu finis par t’endormir d’un sommeil sans rêves. Avant même l’aube, le bruit des klaxons de voiture et la fureur de la vie urbaine africaine t’éveille. Une longue journée en perspective.
 
Nihahisah :
 
La douche délasse tes muscles fatigués et apaise la douleur sourde laissée à tes poignets par les entraves d’or. Ta mère n’a pas émis le moindre commentaire sur tes intentions, même si tu peux sentir que cela l’inquiète au plus haut point, et a fini par concéder son accord pour aller voir les Membe.
 
Ton sommeil est plus difficile, peuplé de rêves étranges.
 
Tu distingues d’abord mal l’environnement, mais un homme et une femme se tiennent par les mains, debout sous l’orbe lunaire. Ils ferment les yeux et tu entends, comme eux, le ressac de la mer. Ils sont sereins.

Pourtant, tu sens le mal autour d’eux, l’influence du grand corrupteur. 
 
Tu ouvres les yeux, un rayon de soleil matinal filtre par le vantail de la fenêtre…

Le bruit de la ville qui se réveille me tire peu à peu de mon sommeil court mais réparateur, dans mon esprit mon agenda se dessine rapidement, douche et collation rapide, enquête approfondie et rendez vous avec Niha, la journée sera longue et loin d'être de tout repos.
Après un petit déjeuner frugal et d'une douche express, j'observe de ma fenêtre la vie qui s'agite en bas, m'habille et je me met à déambuler dans les rues déja noires de monde, il est temps de glaner des informations sur Monsieur Matthieu de Harcourt, je sors mon téléphone portable afin de rentrer en contact avec un de mes  hommes de confiance au sein du renseignement, seulement une seule sonnerie et la voix de l'homme qui me seconde se fait entendre.
- Vous désirez ?
- Matthieu Harcourt, dis je sans détour.
- Donnez moi une heure, dit il d'une voix amusée.
- Je serais la dans trente minutes.
Je raccroche et range le cellulaire dans ma poche de veste, et hâte le pas en direction de mon petit Qg provisoire.

j'avance ma main et laisse le rayon de soleil jouer sur ma peau, l’éclairant et la réchauffant, appréciant la chaleur de ce contact je ferme les yeux encore troublée par mon rêve. Il à forcement une signification, mais je ne suis pas sure d'en saisir tout les détails ....

Puis, ne pouvant rester à me prélasser dans mon lit indéfiniment je me lève, repassant sous la douche et me préparant pour une journée qui marque le début d'une croisade personnelle. Le visage plongé dans mon propre regard, je fait le bilan de tout ce qui c'est passé et tout ce que j'ai appris ces dernières 48h.
Malgrès le fait qu'il m'ai sauvé la vie, ce lion était au bon endroit, au bon moment. Que faisait il la bas, et qu'attend il de moi. Il m'est arrivé trop de chose ces derniers jours pour simplement croire à la beauté du geste et le hasard..

Je décide de rejoindre les pièces de vie, et voyant ma mère seule m'adresse à elle, après une étreinte pleine de tendresse.

Maman, j’essaierai dans la mesure du possible de te tenir au courant de ce que je fait afin que s'il m'arrive quelque chose tu le sache assez vite. Je ne sais pas de quoi ils sont capable, mais je les soupçonnes d'avoir le bras long donc je nous achèterai deux téléphones qui ne nous serviront qu'à ça, d'ailleur j'aimerai que tu me prête un de tes bracelet ou quelque chose de facile à porter, si besoin est pour pouvoir te contacter directement, je pointe mon doigt sur la tête.

J'aimerai que tu me tiennes au courant lorsque tu rencontreras les Mokolé de la région, et ... je pousse un soupire ... j'espère que nous n'aurons jamais à savoir si Mél et Idriss ont le don ...

Si tu veux que je t'accompagne ce sera un plaisir que de les rencontrer. Nous verrons leurs réaction, mais ils seront surement demandeur d'information quand au fait que le corrupteur deviens plus actif et agressif dans la région.

J'ai rendez vous ce midi avec le Simba, nous verrons bien ce qu'il sais, mais aussi ce qu'il attend de moi. Et fait attention, il m'à prévenu que quelqu'un de dangereux rodait.

Mon ton est celui de quelqu'un qui est déterminé, je lui sourit, il n'est pas de temps pour la tristesse, nous pleurerons lorsque tout sera fini. Je lui adresse un clin d’œil, tout cela est dur mais elle est forte et je le suis aussi.

Dajan :
 
Tu quittes ton appartement, ressentant sur ta peau la chaleur qui pose une chape de plomb sur Lagos après les pluies de la nuit. L’humidité conjuguée à la température rendent l’atmosphère des rues irrespirable. Les gosses jouent dans l’eau sale des caniveaux tandis que leurs mamans te haranguent pour te vendre les bananes, mangues et piments qui colorient de tons bariolés leurs étals précaires.
Il te faut attendre un epu après ton coup de téléphone avant le rappel. Celui-ci finit par arriver et ton contact se contente d’énumérer des chiffes avant de raccrocher:
 
-00 234 05 28 63.
 
Fort de cette information, tu te rends au Salomé, un bar du port où vous vous êtes donné rendez-vous avec Nihahisah.
 
Nihahisah :
 
Assise devant un café bien chaud, ta mère hoche la tête à ta proposition :
 
-Je vais contacter les Membe. J’ai réfléchi cette nuit et je pense que tu as raison, nous ne pouvons plus rester isolé. Si les autres change-formes entrent, comme je le pense, dans la partie, c’ets que quelque chose de sombre est en train de se tramer. Et je ne veux pas que ma famille en soit victime.
 
Elle marque une pause en buvant une gorgée de café puis ajoute :
 
-Je pense qu’ils voudront te voir, puisque tu as été témoin d’évènements singuliers.
 
Alors que tu te diriges vers la porte de votre maison, elle vient t’embrasser et te glisse à l’oreille :
 
-Sois prudente avec ce bastet. Tu ne sais pas encore s’il agit seul ou dans un intérêt qui nous dépasse…
 
Après avoir démarré la voiture, tu quittes la résidence familiale. La climatisation vient rafraîchir la chaleur de cette fin de matinée. Alors que tu abordes les derniers kilomètres qui te séparent de ta destination, un regard dans le rétroviseur pour vérifier ton maquillage te fait subitement plisser les yeux. Tu repenses alors à l’avertissement de Dajan.
 
Tu as la quasi-certitude que cela fait trois fois qu’une berline aux vitres teintées apparaît dans tes rétroviseurs.

Je suis tranquillement en train de rouler lorsque je commence à douter ... cette voiture ... ça doit bien faire trois fois que je la vois ... est-ce que je deviens parano ?

Merde, merde, merde ... Je me mord l'intérieur de la joue, signe manifeste d'un début de stress.
Je ne suis pas une as de la conduite et je ne sais pas quoi faire, je ne suis pas l'agent 007.

Tant que la voiture se contente de me suivre, je me rend à destination, prenant bien garde de rester sur des voies bien fréquentés, peut être que ça le découragera de faire n'importe quoi si je suis bien suivie....

Tenue par le stress, tu continues à rouler dans les rues de Lagos, privilégiant les axes plus fréquentés. Un instant, tu penses avoir fait erreur lorsque la voiture n'apparaît plus dans tes rétroviseurs, mais ton soulagement est de brève durée. Quelques kilomètres plus loin, celui ou celle qui te file le train réapparaît.

Tu arrives enfin au Salomé, petit bar en lattes de bois qui donne sur la lagune. Quelques clients y boivent de la bière malgré l'heure relativement matînal.

Tu ne tardes pas à remarquer Dajan qui te fait un bref signe de la main.

La berline, elle, s'est garée en aval de ta position...

Je rejoins Dajan, un peu stressée tout en gardant un oeil sur la berline.
Je le salut, lui expliquant très rapidement le problème.

Bonjour, je crois que j'ai une mauvaise nouvelle, tu avais peu être raison. Je suis suivie depuis ce matin, une berline noire, elle est garée juste un peu plus loin. Je suis absolument certaine qu'elle me suivait.

Malgré mon stress, il est visible que je garde la tête froide, calculant les meilleures options selon mon point de vue.

Une brise marine apporte un peu de fraicheur dans la touffeur ambiante de cette journée d'été. Les quelques clients masculins t'ont adressé un regard appréciateur à ton arrivée, mais sont ensuite vite retourné à la maîtresse liquide et gazeuse qui leur fait face.
 
Dajan semble soucieux, mais son visage s'éclaire d'un sourire lorsque tu t'assieds à sa table. Sourire qui s'éteint rapidement devant ta déclaration.
 
- Korben… lâche-t-il avec un soupir.
 
Il redresse son regard vers toi. Un regard pénétrant et quelque peu envoûtant, tu dois bien l’admettre.
 
- Ecoutes, on ne se connaît pas depuis bien longtemps, mais je ne crois pas que notre rencontre soit fortuite. Séline t’a mise sur mon chemin pour une bonne raison, j’en suis sûr.
 
Il semble hésiter quelques instants puis poursuit :
 
- Je suis ici à Lagos car je fais partie du Pride du Bon Bhat Black Tooth. Il te fixe à nouveau, comme pour guetter si ce nom devait évoquer quoi que ce soit pour toi. Nous pensons que des sbires de Cahlash le Destructeur sont ici à l’œuvre. Je devais enquêter sur l’endroit où je t’ai trouvé, car nous pensons qu’il s’agit d’un lieu stratégique pour nos ennemis. Si tu sais quoi que ce soit à ce sujet, tu dois me le dire…
 
Comme pour mieux te convaincre, et sûrement dans une tentative de te mettre en confiance, il ajoute :
 
- Black Tooth a chargé l’un de mes frères de Pride de t’interroger. Je pense que c’est lui qui t’a suivie jusqu’ici. Et c’est pour cela que je t’ai avertis hier.

Je ne quitte pas des yeux mon interlocuteur, me laissant captiver par son regard et écoutant ses paroles. Je m'installe face à lui, gardant un visuel sur la porte.

Je pense aussi que notre rencontre n'étais pas fortuite. La hasard n'à que peu sa place parmi les nôtres.

Je le regarde fixement, n'ayant pas assez confiance en lui pour lui confier les troubles de ma famille. Je t'ai donné toute les informations que j'ai pu obtenir avant que tu les tues... Le nom de Black Tooth ne m'es pas inconnu, tu nages dans des eaux profondes ... Par contre, cet homme qui est en train de me suivre, tu l'à qualifié de très dangereux et recherché.
Mon ton deviens légèrement plus froid, sans être désagréable non plus. C'est donc ce genre de personne que comprend ton pride ?

Le regard or cendré de Dajan te fixe un long moment avant qu’il ne te réponde.

- Black Tooth est notre Bon Baht, notre roi légitime. Il semble hésiter sur la suite, avant de reprendre comme s’il avait pris une décision muette. Son âme est noble et son but louable, mais j’ai… j’ai parfois des doutes sur les méthodes qu’il emploie pour nous délivrer du règne de terreur des Ajabas. Il évite cette fois-ci de croiser tes yeux. Et Korben est l’une des personnes qui font naître ce doute.

Le serveur vous interrompt un bref instant pour vous informer que la seule boisson disponible est une bière locale, avant de disparaître pour vous en ramener deux bouteilles malgré l’heure qui ne se prête pas vraiment à la consommation d’alcool malgré la chaleur accablante.

Dajan semble avoir profiter de cet interlude pour se recomposer une attitude plus assurée. Il s’adresse maintenant à toi à voix basse :

- Cela faisait plusieurs semaines que j’enquêtais sur le site où je t’ai trouvé. Sous couvert d’une mission humanitaire destinée à construire un village et un hôpital à destination des populations indigènes en pleine forêt, il s’agit en réalité d’une opération financée par le groupe Total pour ouvrir une sorte… de mine à ciel ouvert. Les populations ont été asservies pour participer à l’excavation du site. Ce que je ne comprends pas, c’est que cette multinationale européenne travaille habituellement dans le pétrole, alors pourquoi ce site au milieu de la forêt.

Son front se plisse sous la réflexion. Il ajoute, comme pour lui-même :

- Ce n’est pas le genre de chose auquel s’intéresse habituellement Black Tooth. Et nous ne sommes pas sur notre territoire, alors pourquoi sommes-nous ici? Que cherche-t-il ?

Il fait silence sur cette question muette, comme prit par ses propres pensées.

Je l’écoute attentivement au sujet de son ’Roi’, silencieuse et calme, faisant seulement bouger mes doigts sur la table.
Ainsi il se fait nommer Roi des Simba, intéressant… Encore un puissant qui périra sous les crocs impitoyables des Ajaba … Le sujet semblant déjà le troubler je choisis de ne pas faire de commentaire, mais j’irais prendre le temps de parcourir la Mnesis à son sujet, son assurance m’intrigue et son nom ne m’est pas totalement inconnu.

Il est clair que ton Bon Bhat, mon ton interrogateur laisse entendre une question que je ne pose pas, mais il est clair que je ne suis pas familière du terme, t’emmène bien loin de vos terres ou de celles des Ajabas … Mais la n’est pas le problème principal, que cherchent ils ici ? Hélios m'en soit témoin ... Ces Européens qu’ils soit des Loups ou du Vers sont un véritable fléaux, ne pourront-ils jamais nous laisser en paix ?
Mon attitude devient pensive et après quelques secondes je continue sur le même ton, cherchant la compréhension dans cette affaire.

Serait-ce seulement pour une quelconque énième richesse dans notre sol ? Je semble absorbée dans ma réflexion et marmonne plus que je ne parle … Mon regard se pose alors sur celui de Dajan. Arrêtons d’être dupe, si ces acteurs de Calash comme vous l’appelez, sont ici, ce n’est pas pour quelques cailloux … Ces hommes qui m’ont retenue captive, je n’ai pas pu en savoir beaucoup, mais je doute qu’ils avaient mis en place toute cette mascarade pour des questions concernant la géologie locale …  

Les souvenir de cette rencontre brutale refont surface. Ainsi que le cuisant rappel de la trahison de mon père. Je serre le poing, et contracte les mâchoires, je n’ai toujours pas assez confiance pour lui confier ce honteux secret, mais je ne peux le laisser dans une ignorance totale.
Ils ont des informateurs locaux, au moins de la parentèle … Et qui sait peut être ont-ils déchus certains de nos frères … Ils ont donc des informations plus ou moins importantes sur les peuplades de Garou locales…
Je garde mon calme, mais il est clair que je ne suis pas bien plus à l’aise que mon interlocuteur quelques minutes plus tôt, je trempe mes lèvres dans mon verre, appréciant la fraîcheur du breuvage.

Le Simba opine du chef sur tes conclusions, consommant lui-même avec parcimonie le breuvage ramené par le morose barman. Le vent du large n’atténue que partiellement la chaleur qui colle vos vêtements à votre peau.

- Je suis d’accord. Il y avait également cet Asura qui protégeait celui qui te retenait captif. Ces… ces créatures ne sont déployés par les sbires de Calash que sur des endroits stratégiques ou des lieux déjà contaminés. Il marque une  pause, avalant une nouvelle gorgée, puis fixe son regard d’or dans le tien. Nihahsah, je suis désolé de te demander ça de cette façon, mais est-ce que tu n’en dis pas moins que ce que tu sais réellement. Il prend un air contrit. Je veux dire, Black tooth te juge suffisamment importante pour envoyer Korben sur tes traces…

Tu vas pour répondre lorsque la sonnerie de ton téléphone portable se déclenche. Tu n’as aucun mal à reconnaître le numéro et t’excuses auprès de Dajan pour prendre la ligne. Ton frère : Djibril !

- Nihahsah, c’est moi. Même par téléphone, tu peux sentir son souffle court et il parle à voix basse. Il faut que je te vois, c’est important. C’est au sujet de papa. Retrouves moi à l’entrepôt 18 sur les docks du port à 19h30 ce soir. Sois discrète.

Sans même te laisser le temps de lui demander des nouvelles, Djibril raccroche. Tu jurerais presque qu’il y avait des accents de peur dans la voix de ton frère…

Je n'ai même pas eu le temps de répondre que mon frère avait déjà raccroché. Je regarde intensément le téléphone, les idées se bousculant dans ma tête ... Cet homme n'à jamais parlé que de mon père ... Trois semaines sans nouvelles ... il ne peut pas être avec eux lui aussi ... Et si c'était un piège ? ... Je ne peut pas ne pas y aller ... Je suis certaine qu'il à des problèmes ...

Je retourne m'assoir auprès de Dajan, tapant légèrement le téléphone contre la table, cherchant le regard de mon interlocuteur tout en essayant de savoir quoi dire. Tu as raison, je ne te dis pas tout. Ne crois pas que je ne me sens pas redevable envers toi... Mais tout ce que tu sais, Black Tooth le saura, et il semble d'après tes dires qu'il ne sois pas très regardant sur les moyens qu'il emploie. Hors ma famille est en train de voler en éclats.
Je baisse le ton, ne parlant de manière audible que pour lui, et elle est aussi en danger. Ils ont menacé de s'en prendre à ma famille pour obtenir ma participation à leur grand projet... je prend quelques secondes pour respirer puis continue sur le même ton. Je sais qu'ils ont des contacts avec la parentèle car il semblerai que mon père soit un paria ... ma voix se met légèrement à trembler, de colère ou de tristesse difficile à dire.

Je ne laisse pas parler tout de suite lui intimant le silence. Attend je n'ai pas fini. Mon frère à disparu depuis trois semaines, à la recherche de mon père, il n'à pas le don, et je crois qu'il est en danger. C'est lui qui viens de m'appeler pour me donner un rendez vous, à propos de mon père ... Même si il se peut que ce soit un piège je ne peux pas ne pas y aller.Je lui laisse un peu de temps pour digérer les informations, le temps révèlera si il est ami ou ennemi.

Le masque de Dajan au fur et à mesure de tes déclarations reste indéchiffrable. Impossible de dire ce qu’il en pense . Il a le bon goût de ne pas t’interrompre et d’attendre que tu en aies terminé avant de répondre. Lorsqu’il le fait, c’est empreint de calme et sérénité.

- Je vais t’accompagner. Je te rejoins sur le fait qu’il s’agit sûrement d’un piège et qu’il faut se méfier de tous. Je suis moi-même de plus en plus sceptique sur les motivations qui animent Black Tooth… Et je pressens que nous ne faisons qu’effleurer la surface d’un mystère bien plus grand qu’un simple affrontement entre les forces de Calash et les changes-formes.

Il vide son verre d’un trait.

- Ne restons pas ici, je ne sais pas ce que prépare Korben, mais il nous a vu ensemble à présent.

Il se lève et laisse la monnaie à l’intention du tenancier, puis reprend à ton intention :

- Laissons ton véhicule ici pour le moment, on va essayer de le perdre dans le marché.

Si tu ne t’y opposes pas, il t’entraînes à sa suite vers les étals plein de couleurs et de senteurs du marché en lançant des regards nerveux derrière vous…

C'est le moment où on va voir de quel côté il se trouve vraiment. Son acolyte n'est pas loin, s'il veut me coincer ce sera parfait. S'il ne le fait pas, c'est que ce qu'il me dit est probablement la vérité, même si je le crois.

Pendant que nous sortons j'envoie un texto à ma mère.
Rdv ok, nous sommes suivis. Contactée par Djibril, rdv avec lui, peut être piège. Tu es avec les Mbembe ? Mélissandre doit être mise à l'abri. Jtm..

Je le suis moi aussi nerveuse. Il ne doit en aucun cas nous suivre jusqu'au rendez-vous.

Les étals, les femmes qui haranguent les clients, les senteurs entêtantes et multiples, tout s’emmêle et brouille tes sens alors que Dajan t’entraîne à sa suite dans le gigantesque marché du bord de mer. Tu as le temps d’écrire un texto à ta mère, mais il te presse. Ton portable vibre pour t’indiquer l’arrivée d’une réponse, mais tu n’as pas le temps de la consulter, car le Simba t’attrape la main au même instant et te souffle : « il est derrière nous, la chasse a commencé ».

Tu te retournes mais ne parvient pas à repérer votre prédateur dans la masse de la foule venue faire ses courses. Une foule que vous fendez difficilement. Un nouveau regard en arrière et une détonation qui claque à tes oreilles. Le poteau de bois de l’étal près duquel vous passez explose en une centaines d’échardes. Le temps que tu réalises qu’on va a tiré dessus, Dajan bifurque et emprunte une autre traverse du marché. Désormais, les cris ne sont plus ceux de vendeurs à leurs clients, mais de personnes terrorisées.

Vous débouchez quelques secondes plus tard sur une rue parallèle, Dajan s’arrête brutalement et se tourne vers toi :

- Cours, ne t’arrêtes pas jusqu’à ce que tu sois loin. Ne retournes pas chez toi. Je te contacte.


Sans même attendre ta réponse, il rebrousse chemin.

Dajan ne me laisse pas le temps de réfléchir, je le regarde partir en sens inverse peut être à la rencontre de son "frère" de meute. Un frisson glacial me parcours, je n'ai pas pour coutume d'être la proie de qui que ce soit, et c'est déjà la seconde fois que l'ont essaie d'attenter à ma vie. Lentement une colère sourde s'immisce en moi, tout comme l'inquiétude pour les autres membres de ma fratrie. En l'espace de quelques jours, la faille qui c'est ouverte dans notre famille à tout fait exploser.

Je secoue la tête,Ne te fait pas tuer petit Lion, me retourne à mon tour et me met à courir d'un pas régulier, laissant derrière moi le Dajan, Korben et le chaos que nous avons créée, mettant toute la distance que je peux entre nous entrant plus profondément dans la ville. Korben espèce de sale enflure, attend un peu que je te croise ....

Après une course harassante je me permet de ralentir l'allure, m'assurant de ne pas être suivie. Je jette un coup d'oeil à mon téléphone, seulement 11h30, puis je me rend dans une petite épicerie pour me prendre une bouteille d'eau. Je ressort et cherche un coin ensoleillé, je bois tout en profitant des caresse de l'astre du jour.

Un peu essoufflée par ta course, tu finis par te retrancher dans l’une des nombreuses petites boutiques tenues par un Ouest-africain dans Lagos. La bouteille d’eau que tu t’achètes est à peine fraîche, mais elle suffit à te réhydrater. Profitant de cette courte pause, tu consultes ton portable en quête d’une réponse à ton précédent sms. La réponse qui t’est faite par ta génitrice est plutôt rassurante :

* Suis avec les Mbembé, mélissandre avec moi. Djibril ? Comment va-t-il ? Hâte de te voir. Sois prudente.*

Tu redresses la tête vers le soleil et ses rayons dont la chaleur vient inonder ton visage et…

… La terre d’un autre âge vibre sous l’impact de ta marche, les arbres cèdent devant la puissance de ton avancée rapide. Tu es le seigneur de ce monde, l’ultime prédateur.  Et pourtant, tu marches contre un ennemi dont tu ne sais si tu parviendras à le terrasser. Une bête immonde, teinté de corruption et de malice. Une créature extérieure à ton monde, issue de la gestation impie du Destructeur. Ton regard se porte en contrebas. A tes côtés courent les loups, les félins, et dans le ciel les corbeaux précédent votre arrivée. Dans les eaux, les squales attendent votre arrivée. Il est temps. L’Alliance solaire marche vers la victoire ou sa dissolution…

Tu ouvres les yeux, un moment désorientée par la puissance évocatrice de cette vision issue de ce rêve Mnesis. Un nuage vient de passer devant le soleil, peut-être la cause de l’interruption de ton songe mémoriel. Impossible de dire combien de temps s’est écoulé, mais tu te rappelles que Dajan t’a demandé de te mettre à l’abri et peut-être n’as-tu que trop traîné.

Un soupir naît au creux de mon ventre, je le retiens une seconde puis l'exhale lentement. Je lève les yeux au ciel, cherchant une dernière caresse de l'astre solaire. Je sens encore la forêt frémir sous mes pas, une époque ancienne, une époque ou nous étions Rois en ce monde, ou nous étions tous unis dans notre lutte pour Gaïa. Quelle était cette créature contre laquelle nous avons du nous unir ? Je regarde la bouteille vide entre mes mains, les temps ont bien changé ... Nous nous sommes auto-détruits, grâce au grand méchant Loup.

Je regarde l'heure, lève un sourcil. Le repos est terminé je ne dois pas rester la. Je garde le téléphone en main, me mordillant la lèvre. Je crois qu'il est temps aussi que j'intègre les miens.

*Mam, j'ai encore pas mal de temps, tu me donne l'adresse ? je te rejoins.*

Je ne sais pas si c'est en ville, mais je ne sais pas si c'est sur que je récupère ma voiture, je dirai même que c'est presque sûr que ça ne l'est pas ... Dragon je ne sais quoi faire ... Je pourrais toujours les rejoindre par l'Umbra. en attendant la réponse de ma mère je me met à bouger. Il va être temps de se renseigner sur Total ma brave fille. Je me met en mouvement en attendant le message de ma mère, m’inquiétant un peu pour Dajan.

Tu reprends ta marche et ton portable ne tarde pas à vibrer.

* Rends-toi au Mainland, demandes la case de Papa Opeyemi. Je suis là. Maman.*

Le point de rendez-vous se situant à l’exact opposé de la ville, il te faut prendre un taxi et affronter les embouteillages atroces de Lagos. Ce que tu parviens à mettre en œuvre en monnayant un passage exorbitant auprès d'un taxi-man. La traversée du Carter bridge te prend plus de 45 minutes à lui seul et c’est près d’une heure et quart plus tard que tu t’approches de la case de Papa Opeyemi, non sans avoir demandé ton chemin auparavant en Yoruba. Loin des habitations de la classe moyenne, ta destination te conduit dans les quartiers les plus pauvres, là où les maisons sont construites sur pilotis pour s’avancer sur la lagune.

Les enfants viennent t’accueillir, comme si tu étais annoncé, et te font entrer dans une maison en planches de bois, dans la pénombre. Tu avances jusqu’à te retrouver sur une terrasse donnant directement sur la mer. Des filets de pêches sèchent au soleil et une femme particulièrement âgée s’occupe d’évider les poissons, vraisemblablement le fruit des efforts du matin. De l’autre côté, ta mère est assise auprès d’un homme aux trait burinés et aux yeux d’un blanc laiteux. Aveugle songes-tu, et d’un grand âge. Ta mère te fait signe de t’approcher. Tu t’exécutes en t’asseyant sur la natte usée. Un plat de poisson à la sauce nyambwé trône entre vous et son fumet délicieux te monte aux narines tandis que ta mère prend la parole.

- Papa Opeyemi, je te présente ma fille, Nihahsah. Elle m’a fait part de faits qui nous font redouter que le grand Destructeur s’éveille à nouveau sur la terre de la mémoire. Comme je te le disais, nous avons besoin de ton conseil.

Le vieil homme dont la maigreur est particulièrement remarquable s’exprime d’une voix rocailleuse, mais elle t’évoque à la fois le son de la forêt et le rugissement de la mer :

- Parles Nihahsah, contes moi ce qui a conduit les pas Maman Susilawati et les tiens jusqu’au vieux Opeyemi ?